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Créer une AMAP

L'AMAP est une Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne. Son objectif principal est de mettre en lien paysans et consommateurs, afin de créer un partenariat pour permettre aux premiers de vivre de leur production et de pérenniser leur métier, et aux seconds d'acheter à un prix juste des produits d'alimentation de qualité.

Le principe est simple :

  • Chaque semaine, l'agriculteur s'engage à livrer à chaque membre de l'AMAP un "panier" de fruits et légumes de saison de sa propre production, cultivés localement et vendus à un juste coût. Il est aussi possible de créer une AMAP pour du pain, de la viande, du poisson, du fromage, du miel…
  • Les membres de l'AMAP s'engagent à préacheter en début de saison une partie de la production pendant une durée qui peut aller de six mois à un an (en fonction de la saisonnalité et des types de produits). Cela permet à l’agriculteur de préfinancer sa production, ce qui est une vraie sécurité pour lui, compte tenu notamment des aléas naturels.
  • Chaque membre acheteur s'implique dans le fonctionnement de l'AMAP et s'engage à participer à des activités communes, comme des visites à la ferme, afin de (re)découvrir notamment les processus de production agricole et la vie de l'agriculteur.

Quel impact sur le territoire?

Modèle actuelModèle proposé
Pratiques agricoles intensives (recours massive à la chimie de synthèse, mécanisation violente, substances toxiques)Production qualitative et quantitative satisfaisante (sans pesticides, sans additifs de synthèse et plus riche en nutriment)
Dépendance vis-à-vis de la grande distribution et des étalages uniformisésRéappropriation de l'acte de se nourrir
Suprématie de l'industrie agro-alimentaireSolidarité avec le monde paysan et un agriculteur en particulier
Interdépendance et mondialisationAutosuffisance alimentaire
Rapport de force inégal entre producteurs et la grande distributionPrix juste et sans dépendance vis-à-vis de la grande distribution
Destruction d'emploiCréer et multiplier des emplois
PollutionRéduire les transports des produits et minimiser les changements climatiques







Pourquoi créer ou adhérer à une AMAP ?

  • Encourager le monde paysan et un agriculteur en particulier car vous privilégiez leurs produits plutôt que ceux vendus par l'industrie agro-alimentaire.
  • Favoriser la qualité alimentaire car la Charte des AMAP demande à l'agriculteur de cultiver sans pesticides et sans engrais chimiques.
  • Valoriser les produits du terroir et la diversité alimentaire car l’agriculture bio favorise les variétés locales et rustiques. Elle propose à notre curiosité des fruits et des légumes oubliés (panais, rutabaga, topinambour), des céréales et des légumineuses (épeautre, millet, lentilles blondes) disparues du monde du « manger conventionnel ».
  • Maintenir les emplois et d'en créer de nouveaux car en consommant des produits issus de circuits courts vous dynamisez l'économie locale.
  • Proposer un prix juste et sans dépendance vis-à-vis de la grande distribution. En effet, du fait de l'absence d'emballage, de gâchis et d'intermédiaire, l'agriculture peut dégager un revenu décent, tout en appliquant un prix abordable.


Pour l'adhérent, cela lui permet de :

  • Se réapproprier l'acte de se nourrir : être informé de l’origine des produits, de la façon dont ils sont cultivés ou fabriqués et en quelle saison. Mais aussi, découvrir des variétés de fruits et légumes moins standardisés, apprendre la vraie valeur des aliments et du travail de l'agriculteur, et au final, les acheter à un prix juste.
  • Faire acte de solidarité avec le monde paysan et un agriculteur en particulier.
  • Sortir du rôle de simple consommateur et devenir acteur. Être adhérent à une AMAP signifie participer à la vie de l’association : se relayer pour la réception des paniers, organiser avec l'agriculteur des rencontres, des visites de la ferme...
  • Consommer local et durable pour encourager l’autosuffisance alimentaire, éviter les nuisances liées au transport ou encore au surplus d’emballages.
  • Prendre soin de sa santé : les aliments doivent être produits avec peu ou pas d’intrants chimiques de synthèse (engrais, pesticides). Souvent d’ailleurs, les agriculteurs membres d’une AMAP produisent bio ou tendent vers une production bio. De plus, fruits et légumes peuvent être consommés plus frais du fait de la proximité du lieu de culture (ce qui préserve leurs qualités nutritives).
  • Un prix des denrées juste et transparent, qui est le résultat des charges de production, y compris la rémunération du travail, divisées par le nombre d'abonnés à la ferme (les familles « s'abonnent » en effet à une part de la récolte). Il ne dépend donc pas de l'offre et de la demande, est indépendant du cours officiel des denrées et des rendements à l’hectare. En cela, il est une alternative à l'économie de marché dominante.


Pour l’agriculteur, cela lui permet de :

  • Pérenniser son emploi et vivre dignement de son travail sans être dépendant de la grande distribution, ni malmené par ses exigences exorbitantes.
  • Se libérer des soucis de commercialisation. Il retrouve ainsi la possibilité de pratiquer une agriculture écologique, de choisir librement ses semences, d'expérimenter et d’innover.
  • Redevenir un acteur social reconnu pour ses compétences et son rôle dans la société. Il peut renouer avec la notion de transmission de son métier et des savoir-faire liés à la terre.
  • Créer et multiplier l’emploi. En effet, l’agriculture bio ou paysanne est créatrice d'emplois : un agriculteur pour 2 hectares contre un pour 80 ha en agriculture conventionnelle.

Créer ou adhérer à une AMAP est donc un acte politique (choix d’un mode de production alternatif), social (on favorise le petit producteur plutôt que l’industrie agroalimentaire), environnemental et sanitaire (moins de transports, moins de produits chimiques).

Comment créer une AMAP ?

  1. Constituer un groupe pour démarrer le projet. Les AMAP tournent autour de 60 adhérents. Mais on peut commencer à 6 ! En fait, tout dépend de la volonté de l’agriculteur et de la taille de son exploitation. En fonction du nombre d'adhérents, il continuera ou non en parallèle ses autres activités (marchés, grandes surfaces, etc.). L'augmentation peut être progressive. Mais pas d'inquiétude, la plupart des AMAP ont une liste d'attente d'adhérents !
  2. Formaliser le projet. Cela se fait avec l'aide du réseau régional des AMAP, CREAMAP ou à défaut avec Alliance Provence, qui vous aidera dans les étapes suivantes.
  3. Recruter des adhérents. Cela peut se faire via les amis et voisins, en mettant une annonce à la mairie, à l'école, dans la presse locale, mais aussi via le réseau AMAP, les réseaux associatifs locaux, etc.
  4. Rechercher un producteur local. Le réseau, mais aussi les filières biologique et paysanne, peuvent vous aider. Il doit pratiquer une agriculture écologique proche du bio ou ne pas être réticent à s'y mettre progressivement (un délai lui sera octroyé). Parfois, il sera nécessaire de trouver des terres à proximité de votre commune, si besoin avec l'aide de la commune, qui, rappelons-le, détermine les zones agricoles de son territoire, ou avec l'aide d'associations (comme Terre de Liens).
  5. Constituer une association loi 1901. Cette structure juridique est nécessaire, car plusieurs contrats vont être signés : un contrat entre l'AMAP et l'agriculteur, qui définit votre relation, les produits, leur nature, leur prix, les livraisons, etc.; et un contrat entre l'agriculteur et chaque adhérent, afin de définir la période d'engagement, le mode de paiement, etc.

Quelles sont les structures qui peuvent vous aider ?

MIRAMAP

Mouvement Inter-régionale des AMAP
http://miramap.org/

Site National des AMAP

http://www.reseau-amap.org/

L’association CREAMAP France

Centre de Ressources pour l'Essaimage des AMAP en France. Son objectif est l'essaimage du concept sur tout le territoire national.
http://www.amap-france.fr/

L'association Alliance Provence

Première structure créée en France (en 2001) dans le but de développer le concept des AMAP en Provence. Vous trouverez notamment sur son site un kit de création des AMAP ainsi que la charte des AMAP.
http://allianceprovence.org

Le réseau des AMAP de votre région

S’il existe, il coordonne les AMAP locales (exemple : le Réseau des AMAP d'Ile de France). Votre AMAP restera autonome, mais ces structures vous aideront à la création, à trouver un agriculteur, à signer les contrats...
http://www.amap-idf.org/

Le site de Colibris

Il répertorie les AMAP françaises, dans sa rubrique "Des acteurs près de chez vous", ainsi que les projets de création d'AMAP dans la partie Projets.

Les filières biologique et paysanne

Elles peuvent vous aider à trouver un producteur répondant à leurs critères.

Votre commune

Elle peut vous aider à la création d'une AMAP, fournir un local, etc. Elle peut aussi aider à l'achat de terres pour l’installation d’un agriculteur (rappelons-le, la commune est maître de la détermination des zones agricoles de son territoire). C’est le rôle aussi de Terre de Liens, projet associatif qui aide à trouver et à financer des terres agricoles, ou le Cata33, collectif pour l'achat de terres en Gironde.

D'autres collectivités locales peuvent trouver un intérêt à soutenir votre projet. Par exemple, le conseil régional d'Ile de France soutient le réseau des AMAP d'Ile de France.

Quelques lectures

  • "Manger local", de Lionel Astruc et Cécile Cros, Collection Domaine du Possible, Éditions Actes Sud-Colibris.
  • "Les AMAP : un nouveau pacte entre producteurs et consommateurs ?", de Claire Lamine et Natalie Perrot, Éditions Yves Michel.
  • "L'histoire de la première AMAP, soutenir les paysans pour se nourrir durablement", de Denise Vuillon, Éditions L'Harmattan.

Ils l'ont fait !

"Alors que j'étais en 3e année d'école d'ingénieur en biotechnologie, j'ai assisté à un forum sur des projets alternatifs réalisés et j'ai rencontré à cette occasion Daniel Vuillon des Olivades (1ère AMAP créée en France). Après avoir approfondi la question, j'ai décidé d'arrêter mon école et de me lancer dans la création d'une AMAP. Je me suis formé pendant deux années puis je me suis installée à Goussonville, dans les Yvelines. J'ai commencé avec 30 paniers. C'est pas facile tous les jours, il faut pouvoir assurer au niveau financier et motiver les consommateurs à payer deux fois plus que les fruits et légumes vendus dans les grandes surfaces. Mais le travail de la terre, les pique-niques à la ferme avec les consommateurs, l'épanouissement des enfants qui se régalent en mangeant mes tomates, mon indépendance, ne sont pas remplaçables !"

Benjamin Chiquet, maraîcher à la ferme "Le Village" (AMAP)