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Chronique "L’Effet Valentine" #4

Isolation : ni Dieu ni maître

Ingénieure agronome de formation, Clémentine Lebon a co-écrit avec Olivier Le Naire Le Revenu de base, paru début 2017. Elle a depuis acheté avec son mari, Valérian, une longère en pierre qu’ils rénovent pour pouvoir y vivre, produire leur nourriture et proposer des animations sur l’agriculture et l’alimentation. C’est le "Projet Valentine", dont elle va nous conter l’aventure en marchant…




Vous l’avez sans doute compris : notre maison ça va être la meilleure. La plus belle, la plus écologique, la plus économique, la mieux aménagée… On a pensé à tout et on est plutôt fiers de nous ! Enfin… on pensait avoir pensé à tout. Mais on a fait une découverte en nous lançant dans ce projet : si on en parle autour de soi, les autres ont (presque) toujours un avis. Et cet avis ce n’est pas seulement « Waaah trop cool votre maison ! ». Non c’est plutôt : « Super ! Et sinon, t’as pensé au chauffage au sol ? Vous faites comment pour les eaux de pluie ? Tu connais les dalles en chaux-chanvre ? Chez moi j’ai fait un enduit argile. Quoi, vous ne prévoyez pas de toilettes sèches ?... ». Au début, c’est la joie de la découverte, tu prends les remarques comme une mine de renseignements et tu améliores sans cesse ton projet. Et puis, au bout d’un moment, tu commences à gérer ton sujet et là, ça devient intéressant. Quand quelqu’un te dit : « L’idéal c’est le poêle à granulés ! », tu lui réponds du tac-au-tac : « Ah oui, mais nous on a choisi un poêle à bûches pour valoriser le bois de notre forêt. On a dimensionné la puissance avec l’ADEME, il nous faut 5kWh. On pense qu’on n’aura pas besoin de répartiteur de chaleur. » Quand tu en es là, tu te dis : « Ça y est, notre maison on la tient. On est balaises quand même ! ». Un grand sentiment de fierté t’inonde : tu vois l’aboutissement de ces longs mois de travail.

À la fin de l’été dernier, j’en étais là de mes considérations égocentriques quand je suis partie deux semaines suivre un Cours de Conception en Permaculture. J’étais gonflée à bloc pour la journée prévue sur le thème de l’habitat. Et là, en plein milieu de la matinée, le prof nous sort cette phrase, qui restera à jamais dans ma mémoire : « Restaurer une maison en pierre sans une isolation extérieure de 20cm, c’est criminel ! » J’ai visualisé ma maison en pierres apparentes extérieures avec son futur enduit chaux-chanvre de 10cm à l’intérieur… et j’ai quitté le cours en larmes. Là, c’était trop pour moi : tous ces efforts, ces heures de réflexion, ce sentiment de faire une rénovation écologique, la fierté de cette isolation chaux-chanvre… Tout ça pour être traitée de criminelle ! Mon petit cœur n’en pouvait plus. Pourquoi est-ce que ça n’existe pas un guide de la parfaite rénovation écolo ? Qu’on en finisse une bonne fois pour toute !


Dessin sur l'isolation fait par une participante au cours de conception en permaculture

L’émotion retombée, on en a discuté avec Valérian. Pesé les pour et les contre et même pris rendez-vous avec l’Espace Info Énergie du Pays de Vannes.  Oui, ça avait l’air vraiment mieux énergétiquement l’isolation extérieure ; mais notre maison, à la base, c’était quand même un coup de cœur pour cette vieille bâtisse en schiste aux pierres ouvragées sur la porte. Recouvrir ça de bois, ça nous paraissait… criminel. Alors finalement, on a quand même conservé notre idée d’une maison en pierre avec une amélioration énergétique grâce à un enduit chaux-chanvre qui conserve l’inertie du schiste, et laisse respirer les murs. Tout en conservant le cachet de cette longère qui nous avait donner envie de l’acheter. Un projet à notre image, construit selon nos envies, nos valeurs, nos priorités. Et si le modèle unique et parfait de la rénovation écologique ça n’existait pas ? 

 

Clémentine

Saint Nolff, le 31 janvier 2018

Commentaires

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Au cas où vous seriez intéressée par des développements plus argumentés, j'écris régulièrement sur un média communautaire "Build Green" et j'y développe mes idées.
Par ailleurs, je suis aussi youtubeur via ma chaîne "Papy Claude" et j'y explique diverses choses via des vidéos …
Enfin et à toutes fins utiles, j'ai initié un groupe Facebook "rénovation pertinente" au sein duquel nous tenons régulièrement des réflexions avant travaux …

Bonjour Clémentine,
Pour avoir dirigé un Espace Info Energie pendant 20 ans, je peux vous dire que le dogme énoncé par cette personne pleine de bonne volonté s'applique essentiellement aux maisons des années "50" et après dont la laideur est consubstantielle à celle des quartiers dans lesquelles elles ont été construite...
En Bretagne, les écarts de température entre les saisons n'est pas non-plus excessif au point de devoir absolument servir de l'inertie thermique comme régulateur thermique...
C'est bien d'avoir utilisé des matériaux "perspirants" dans votre cas.
J'ai un frère qui a fait la même opération près de Malestroit et tout ça fonctionne très bien !
Bon courage maintenant pour aller jusqu'au bout de votre beau projet !

Le projet mûri.... puis c'est au tour de l'adulte. Se recentrer sur ses envies, faire ses propres choix et les assumer. Délaisser l'image de la perfection pour s'épanouir.

bjr, Maison humide car partiellement enterrée. Nécessité de décaisser, sans aller plus bas que les fondations, et drainer pour faire partir l'eau plus bas. Et dégager les arbres qui viennent contre, qui amène de l'humidité

On ne peut pas vraiment isoler si on a des murs humides.

Poêle de 5 kw (puissance nominale) trop faible dans ce cas, il faut le modèle au dessus minimum

Les employés de l'Adème récitent ce qu'on leur a appris pour une maison neuve, et là ce n'est pas la même chose.

Pour bien réussir cette rénovation, il faut faire en sortes d'assainir, car une maison humide est plus difficile à chauffer, et n'est pas saine.

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