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Nos Natures, Nos Futurs

Avec le film Animal, Cyril Dion veut mobiliser autour du vivant

Un article  du blog "Nos Natures, Nos Futurs" par Anne-Sophie Novel

Pourquoi les animaux disparaissent et comment arrêter cette disparition ? C’est avec cette question en tête que Bella Lack et Vipulan Puvaneswaran, les deux adolescents protagonistes du film Animal, sont partis à la rencontre de scientifiques un peu partout dans le monde.

©Vipulan Puvaneswaran et Bella Lack


En 2016, le journaliste Walter Bouvais, qui pendant 14 ans fut l’éditeur de feu Terra Eco, est ébranlé par un article qui annonce la disparition des singes (nos cousins !) de la surface de la Terre d’ici 25 à 50 ans. Jusqu’alors plus attentif aux dérèglements climatiques, Walter commence à s’intéresser au devenir des animaux sauvages. Marqué par l’élan proposé par le film Demain, il propose à Cyril Dion de travailler ensemble sur ce thème.

Cyril Dion, de son côté, travaille sur des projets de fiction, et quand Walter vient le voir, avec la boîte de production Capa, il n’a pas envie de repartir sur un documentaire. Ils en reparlent plusieurs fois avant que Cyril n’accepte :


« À l’époque je suis las de voir comment l’écologie devient un tableau Excel géant, fort de ses décomptes de co2, de ses options thermiques, de ses débats d’ingénieurs… Au fond de moi, je veux un débat et des discussions sur les choix de société. Aussi est-ce plus simple d’y arriver quand on pose la question du vivant » , explique le réalisateur.

Et pour poser cette question, rien de tels que deux adolescents (un Français, une Anglaise) d’ores et déjà engagés dans le combat climatique : « à leur âge, on a encore des rêves, tout n’est pas limité ou rationalisé, et je voulais voir comment ils appréhenderaient cette question du vivant » note Cyril Dion.

Bella et Vipulan cheminent alors d’une rencontre à l’autre pour comprendre les ressorts de l’extinction de masse, pour rencontrer des gens qui portent des solutions… « On en a trouvé mais c’est un peu le tonneau des danaïdes… En Inde par exemple, la plage Versova à Bombay est nettoyée plusieurs fois par semaine par des douzaines de volontaires qui ramassent les ordures, mais le flux est incessant… On a aussi été au parlement Européen, on a rencontré Bloom et on a compris comment gagner des victoires sur le plan de la loi, mais on a aussi compris que cela n’est pas aisément reproductible » explique le réalisateur, qui invitera ainsi le public à comprendre que la question est plus philosophique et ontologique qu’autre chose : « il faut imaginer le monde autrement qu’en plaçant la croissance en priorité»

Habiter le monde autrement


Après une phase de découragement, les deux jeunes repartent à la rencontre du monde vivant pour voir comment habiter le monde autrement… Ils vont notamment voir Jane Goodall pour aborder la question des mammifères et la réintroduction des grands singes, Baptiste Morizot et Jean-Marc Landry au sujet de la cohabitation avec le loup, René Castro au Costa Rica au sujet de la mise en place d’un système qui permet de préserver les forêts, etc.

Comme elle l’indique clairement dans la vidéo suivante réalisée pour compléter le budget du film avec une campagne réalisée sur Kiss Kiss Bank Bank (trois partenaires se sont désengagés en raison du Covid), Bella estime avoir plus appris en 55 jours de tournage que pendant le reste de sa vie :

Cyril Dion aussi se rend compte, durant le tournage, qu’il n’y connaît rien à rien et qu’il a même proposé, dans Demain, des solutions qui n’en sont pas vraiment – telles les ruches installées un peu partout…

Qu’est-ce qui le marque, plus particulièrement ? « Réaliser que si on disparaît, le vivant continuera sans nous, mais que l’inverse n’est pas vrai : sans vivant autour de nous, nous sommes condamnés. Constater aussi que les enfants d’aujourd’hui, bien souvent, connaissent plus de noms de marques que de noms d’oiseaux… »

Avec Animal, l’idée est de faire comprendre les liens d’interdépendance entretenus par l’homme avec le reste du vivant. Au-delà d’informer les spectateurs sur ce point, Cyril Dion et Walter Bouvais souhaitent surtout les bouleverser. « C’est parce qu’on nie ou qu’on ignore cette interdépendance qu’on en est arrivé là, il faut fréquenter à nouveau le vivant, sans cela on ne peut l’aimer, et encore moins le protéger et se préoccuper… » conclut alors Cyril Dion, rejoignant ainsi la cohorte de passionnés et d’acteurs qui, depuis tant d’années, s’efforcent d’alerter à ce sujet… Si Animal connaît le même succès que Demain, gageons que le relais sera en mesure de bousculer les consciences – et les habitudes – lorsqu’il sortira en salle (à l’automne 2021 en principe).

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