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À l'éco-domaine du Bois du Barde, confinés et créatifs !

Anne-Laure Nicolas est cofondatrice et coordinatrice de l'éco-domaine du Bois du Barde à Mellionnec, dans le Centre Bretagne. Cette ferme paysanne à dominante arboricole de 24ha est gérée de manière durable où le respect de l'environnement est au cœur du travail de chaque structure qui y trouve sa place : un lieu d'accueil, de travail et de vie, dans lequel l'accessibilité a été réfléchie afin que chacun ait droit à des vacances. À l'occasion du grand confinement, Anne-Laure nous livre le récit du quotidien du lieu habité par un joyeux collectif...

"Je ne pensais pas que cela puisse arriver comme ça, l'arrêt brutal de la machine. Pourtant il y a encore quelques mois, aux dernières rencontres nationales des oasis, on commençait déjà à en parler...

Un confinement qui passerait presque inaperçu

Comment vit-on le confinement au Bois du Barde ? À vrai dire, on ne voit pas trop la différence. Ou, pour reprendre certains mots du collectif, « ah bon, il y a un confinement ! » Cela est peut-être un peu exagéré mais résume bien notre façon de vivre.

Sur les 24 ha du Bois du Barde, habite un collectif constitué de 5 adultes et 3 enfants. Nous vivions déjà ensemble avant le confinement. Deux adultes, qui ont intégré le collectif cet hiver, vivent en colocation dans la maison collective avec Gilles. Guillaume vit dans sa caravane sur le site et moi dans mon mobile home avec mes 3 enfants. Chacun fait ce pourquoi il a choisi d'être sur le lieu : il y a le thérapeute jardinier, l'ingénieux bricoleur, la conceptrice résiliente, le penseur-menuisier et le paysan pragmatique.. nous formons une sacrée équipe !

Mes enfants ont 10, 12 et 15 ans... pas simple avec pré ados/ados ! La situation les stress de manière inconsciente, ils sont plus nerveux. Heureusement, nous avons des habitudes d'organisation de notre quotidien. Chacun s'inscrit à tour de rôle sur le tableau des tâches, on s'entraide. De la même façon je partage avec eux les émotions qui me traversent et les invite à faire de même. On cherche des nouvelles recettes, on s’essaie, on expérimente et la vie continue. J'ai vite lâché prise avec les devoirs à distances ! Il faisait beau, nous avions tous besoin de profiter de l'extérieur après de 6 mois de pluie sans interruption !

Résilience alimentaire et suspension de l'activité économique

Les activités économiques du lieu ont été suspendu progressivement : la vente de sève de bouleau fraîche est passée de 600litres par semaine à 100litres jusqu'à la fin de la récolte. Ce n'est pas grave, on s’adapte ! Nous avons conservé la sève non vendue, une partie a été pasteurisée et l'autre lacto-fermentée, nous expérimentons la méthode pour la première fois...

Concernant l'accueil, après beaucoup de peur lors de nos moments d'incertitudes, nous avons fait le choix d'ouvrir le lieu dès que les décisions gouvernementales le permettront. Nous trouvons en effet important que des petits lieux comme le nôtre, où le risque de transmission est mineur, puissent accueillir et continuer de partager.

Comme beaucoup, on accentue donc notre résilience alimentaire. Le potager, grâce à l'arrivée du soleil, a été mis en route encore plus vite que d'habitude. On s'essaie encore plus à tester des astuces ou mettre en beauté cet espace si essentiel dans notre autonomie. Pour ce que nous ne produisons pas nous-mêmes, nous allons dans deux épiceries bio : celle du village et celle du bourg d'à côté. Avant le confinement, nous venions de nous faire livrer notre commande habituelle de non périssable avec un grossiste bio breton. Pour le reste, pains, viandes, conserves : on fait nous-mêmes. 

Je me rends compte de nos manques aussi : nous ne produisons pas les produits les plus utilisés : le beurre, le lait, la farine. Heureusement, nous avons la chance d'avoir plusieurs paysans bio autour de nous, 4 paysans meuniers, et plus de 5 éleveurs de pie noire bretonne ou de froment du léon, quelle luxe !

L'importante gestion des émotions

Notre mode de gouvernance partagée, « la sociocratie », nous permet de gérer les tensions, et de communiquer au mieux pour que chacun continue de se sentir à sa place. 

Nous avons eu et avons toujours des moments d'angoisses, d'incertitudes, de stress, de peur. Chacun a sa façon de gérer ces émotions. Je pars marcher dans les nombreux chemins creux du Centre Bretagne, d'autres pratiquent la méditation, le soin lahochi... 

Naturellement, au bois du barde, on vit comme dans les brumes d'Avalon, l'île mythique de la légende Arthurienne - nous ne sommes pas en Bretagne pour rien ! Le temps se dilate - la zone blanche y est pour beaucoup - on prend le temps de vivre..."


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