Chronique Le Jardin sans pétrole #8
La lisière : un écosystème riche
Jardiner dans la grande ville ? Difficile. Alors, Christine s’échappe toutes les fins de semaine, pour maraîcher et observer la nature. Médiatrice, écrivaine et journaliste, Christine écrit et expérimente autour des plantes, des jardins et de l’écologie, à Reporterre, où elle tient la chronique hebdomadaire du "Jardin sans pétrole" depuis cinq ans, mais aussi pour les éditions Belin, avec "L’herbier Vilmorin" (2015).
Tout est en place en ce début de printemps dans le jardin sans pétrole, et il n’y a pour l’instant pas trop à faire. C’est l’occasion de partir vagabonder, et de découvrir la richesse écologique des milieux de lisière, à l’interface entre forêt et jardin.
Il n’y a pas tellement à faire dans le jardin ces jours-ci. Les fruitiers sont en fleurs. Les planches de culture ont été remises en ordre et accueillent les premiers semis de betteraves, blettes, salades diverses et carottes. Les poireaux sont en pépinière dans un coin abrité. Les choux Mizuna se fortifient sur le bord de la fenêtre, à l’abri des altises, ces petits coléoptères voraces qui poinçonnent les feuilles tendres dès que l’humidité s’estompe. Les tomates poussent sur le balcon de l’appartement plein sud et en étage de Pétronille. Les courges et les concombres pointent leurs premières feuilles derrière la fenêtre. Nous n’avons pas encore pu utiliser notre petite serre faute d’avoir pu résoudre la question de l’arrosage à l’intérieur ! Nous nous en passerons ce printemps car dans quinze jours, les saints de glace seront derrière nous et nous pourrons planter toutes les plantes estivales.
Le pommier fleurit.
En cette saison, nous profitons des dernières cueillettes de salades sauvages. Des mélanges de pissenlit, alliaire, plantain lancéolé, lampsane, fleur de coucou ramassées en se promenant sur la lisière entre forêt et pâture. Ces espaces vivants livrés à eux mêmes abritent une multitude d’espèces et toutes les strates de végétation, des plantes herbacées aux arbres.
Le biologiste australien Bill Mollison, pionnier de la permaculture, a développé l’intérêt écologique et nourricier de ces bordures sous le terme « d’effet de lisière ». Dans son livre Introduction à la permaculture, il explique : « Il est reconnu par les écologistes que l’interface entre deux écosystèmes constitue un troisième système plus complexe, qui combine les deux. Sur cette interface, des espèces des deux systèmes peuvent coexister, et le milieu de lisière possède aussi ses formes de vie propre, spécifiques, dans de nombreux cas ».
L’alliaire officinale prospère en lisière de forêt.
Ici, la lisière est un ruban verdoyant entre l’écosystème forestier et prairial, offrant des ombrages différenciés. Il y pousse des herbes comestibles mais aussi des fraises des bois, des églantiers et quelques noisetiers, et sans doute nos framboisiers tout proche pourraient-ils un jour franchir la clôture et s’y installer... J’aimerais voir le jardin, lieu clos abritant nos plantes précieuses, partir à la conquête de la lisière...
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