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L'action des communes pour une agriculture bio et locale


crédit : Pixabay

Depuis quelques années, de nombreuses mairies s’engagent sur la question de l’agriculture. Les arrêtés anti-pesticides fleurissent et le développement de la bio devient un engagement de nombreuses communes en France. Des combats difficiles qui montrent que l'échelon local est pertinent pour transformer les pratiques agricoles de notre société...


En 2017, une information étonnante nous parvient de Charente : Michel Tricoche, maire de Ruelle-sur-Touvre, prend un “arrêté anti-pesticides” qui interdit l'épandage de pesticides à moins de 50 mètres des maisons de sa commune. C’est le début d’une longue série d’affaires similaires, dans lesquelles des communes courageuses prennent à leur tour ce type d'arrêtés malgré les plaintes à répétition de la FNSEA. Bien qu’elles divisent localement et n’aboutissent pas toujours, ces démarches locales sont concrètes et immédiates et mettent en lumière une problématique essentielle du monde rural. On peut en effet désormais admirer l’action de ces communes sur une carte, et le sujet est relayé nationalement par les media. 

Carte des communes ayant pris des "arrêtés anti-pesticide" (en vert, les communes ayant pris des arrêtés ;  en violet, celles qui ont signé l'appel à "la résistance pour l'interdiction de tous les pesticides")

La question de la réglementation des pesticides est complexe. Il reste encore aujourd'hui une zone de flou sur les acteurs compétents pour s'en charger. Daniel Cueff, maire de Langouët, un des premiers à avoir médiatisé son arrêté, pour le faire valoir, a finalement vu sa décision rejetée par le Tribunal Administratif de Rennes. Les juges ont estimé que la réglementation des pesticides ne relevait pas des compétences du maire mais qu'il s'agissait d'une compétence exclusivement ministérielle. L’appréciation du domaine de compétence en la matière reste en suspens : les dizaines d’affaires en cours vont donner l’occasion à des juges de l’ensemble du territoire d’interpréter la loi dans des sens probablement différents. Tout reste donc encore à jouer pour les maires… En attendant, l’affaire, qui divisait les habitants de sa commune, a poussé Daniel Cueff à ne pas se représenter en 2020

Qui mieux qu’un maire est placé pour mettre en place une politique agricole locale efficace, qui ne tue pas sa population locale et qui répond à des besoins alimentaires concret ? De nombreux villes et villages ont en effet misés sur la transformation en bio de leur territoire pour les années à venir. 

C’est le cas de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) qui, pour préserver les terres de la bétonisation, est passé en 2012 de 40 ha à 112 ha dédiés à l’agriculture biologique. Aujourd’hui, 3 salariés cultivent 4 hectares sur les 6 ha du domaine. Ils produisent 25 tonnes de légumes qui représentent 85 % des besoins des 1 300 repas servis chaque jour par la Ville à la cantine scolaire. En s’appuyant sur cette expérience qu’il a portée, Gille Pérole, maire-adjoint de la Ville a lancé d’ailleurs le précieux réseau Un+Bio pour aider les communes à développer une alimentation bio et de proximité.

Mouans-Sartoux, crédit : Wikimedia

De son côté, à Moëlan-sur-Mer dans le Finistère, la municipalité a réquisitionné des terrains en friche de plus de 400 propriétaires, a pris en charge leur défrichage et aidé des jeunes paysans à s’installer en bio, avec l’aide de Terre de Liens. Objectif : stimuler l’économie locale via l’agriculture biologique, tout en luttant contre la forte spéculation foncière et l’artificialisation des sols.

Le village de Saint Pierre de Frugie (Dordogne) s’est, lui, relevé de la crise qui le frappait grâce à une politique agricole locale ambitieuse. D’abord en bannissant les pesticides puis en créant des sentiers verts, des jardins partagés, un gîte rural et écologique et même une épicerie bio alimentée par les agriculteurs de la région ! En misant sur un environnement sain pour l’environnement et ses habitants, le village a retrouvé son attractivité.

Ces trois exemples sont les signaux faibles d’une (r)évolution verte qui se trame dans les villes et villages français. 50 % de la population vit dans un ville de moins de 10 000 habitants. Les mesures prises par ces maires courageux ne sont pas anodines : elles permettent au territoire de créer sa résilience pour les années qui arrivent et de construire un cadre de vie sain et solidaire pour leurs habitants. 

Essentielle pour transformer notre société, nous saluons la nécessaire insurrection de ces maires face à des dispositifs réglementaires souvent inadaptés aux enjeux écologiques et sociaux, comme Dominique Régeard qui a tenu tête à la justice au nom de la solidarité vis à vis des migrants. Et nous appelons les citoyens à soutenir leurs maires, à les aider dans la construction d’une politique locale commune, notamment grâce à des outils comme le Pacte pour la Transition. Ce n’est qu’en conjuguant nos efforts que nos communes pourront s’engager effectivement dans la transition !



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