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Les Semourais : planter des arbres pour relier des êtres

Semis avec 130 enfants de l’école de la Grotte Rolland en avril 2019

Fondée en juin 2018 et située à Marseille, l’association Semourais - semeurs de biodiversité - agit et encourage les actions favorables à un retour d’une plus grande biodiversité dans la France entière. Son objectif principal est de planter des forêts denses et riches en biodiversité, inspirées de la méthode Miyawaki...



LES SEMOURAIS, SEMEURS DE BIODIVERSITÉ

« Si le projet phare des Semourais  est désormais la plantation de forêts denses, riches en biodiversité, nous avons commencé par des actions beaucoup plus modestes : semer des prairies
fleuries. En juin 2018, à la naissance de notre collectif, il nous semblait que si la question climatique concentrait les attentions, la cause de la biodiversité était trop peu défendue

« Nous nous sommes également tout de suite mis d'accord sur le fait que notre collectif ne se contenterait pas de manifester ou d'interpeller les politiques, nous voulions que notre engagement s'incarne en des actions de terrain concrètes et locales. Nous ne voulions pas non plus nous placer dans une logique de compétition avec les acteurs associatifs déjà engagés sur Marseille mais, au contraire, instaurer entre nous une dynamique d'échanges et d'entraides mutuelles.

« Notre premier projet a donc consisté à semer des prairies en ville pour lutter contre l'effondrement des pollinisateurs et sensibiliser les citadins à cette catastrophe écologique. Cette action a été accueillie chaleureusement par les nombreux acteurs de l'agriculture urbaine marseillaise qui nous ont accompagnés dans nos premiers pas de leurs conseils. En parallèle, nous leur offrions notre énergie et notre bonne volonté pour leurs actions de terrain.

Ramassage de graines avec le garde du parc des Calanques

« C'est ainsi qu'en quelques mois, nous avons tissé un large réseau de partenaires locaux - Articulteurs, Talus, Cité de l'Agriculture, Colibris de Marseille etc... Ce mutualisme nous a permis de recevoir pour le premier Noël de l'association, une promesse de don de l'Observatoire Français d'Apidologie (OFA) de 30kg de graines de prairies fleuries. Nous étions leur unique partenaire s'engageant à semer des prairies en ville ! Ces semis ont eu lieu en avril 2019 sur des dizaines de site. Nous avons en particulier semé avec quatre écoles et plus de 300 enfants, créant des liens d'amitié avec plusieurs enseignants qui nous accompagnent à présent sur d'autres projets.

« Le lendemain de notre dernier semis, nous lancions notre première pépinière d'arbres avec des experts de la végétation méditerranéenne, les botanistes de la Société d'Horticulture et d'Arboriculture des Bouches-du-Rhône. »

HÉRITIERS DE MIYAWAKI


« Nous avons découvert la méthode Miyawaki au cours de l'été 2018. Ce qui nous a frappés, au delà de son formidable potentiel pour restaurer la biodiversité et lutter contre le réchauffement climatique, ce sont les paradigmes qu'elle partage avec la permaculture : biodiversité, vie du sol et densité. La méthode Miyawaki , comme la permaculture, repose sur des principes dont l'esprit s'oppose diamétralement à celui qui a dominé dans la gestion des sols et cultures depuis la seconde guerre mondiale : cultures monospécifiques, fertilisation chimique du sol et plantations en rangs géométriques. 

La pépinière de la serre des botanistes Bortoli

« En juillet 2018, au moment de notre découverte de cette méthode, seule l'association Boom Forest avait planté une forêt urbaine en France, à Paris en mars 2018. Cela paraît irréel, mais il y a un an et demi, l'intérêt collectif pour les arbres était loin d'être celui qu'il est devenu ces derniers mois. C'était avant les deux étés caniculaires qui ont marqué les Français, avant l'article majeur de Thomas W. Crowther dans la revue Nature sur l'impact que pourrait avoir la plantation de milliards d'arbres sur le climat, avant la campagne de plantation record éthiopienne de 350 millions d'arbres plantés en une seule journée, avant la grande campagne #TeamTrees de Mr Beast et le don symbolique d'un million d’arbres d'Elon Musk qui acte d'un sceau doré l'unanimité de la prise de conscience collective sur l'importance de planter des arbres.

« Néanmoins, ce soudain engouement du grand public pour les forêts ne fait pas qu'enchanter les experts. Si cet intérêt leur donne de l'espoir, ils sont inquiets des potentiels dérives. Que se cache-t-il derrière ces chiffres records ? Quelles essences sont plantées ? Comment ? Quel sera le suivi des arbres ? Les écosystèmes et la biodiversité sont-ils pris en compte ? Désormais promue en France par plusieurs associations qui viennent de planter leur première forêt ou s'apprêtent à le faire (Projet Silva, Mini Big Forest, Les semeurs de Forêts, les Pionniers...), la méthode
Miyawaki offre des réponses rassurantes à la plupart de ces questions.

 Un groupe d'enfants qui préparent les semis dans un collège de Marseille

« Les arbres plantés sont indigènes et la biodiversité est centrale, regardée comme source de croissance et de résilience. Les atouts de cette méthode sont scientifiquement démontrés. Elle a néanmoins des défauts que ne manquent pas de pointer les experts des forêts dans les articles où elle est comparée à des techniques de plantations plus conventionnelles. C'est une méthode dont le coût initial est bien supérieur à celui des autres techniques de reforestation. Sur le long terme, ces différences s'amenuisent puisque les forêts plantées avec la méthode Miyawaki sont autonomes en seulement deux ou trois ans après leurs plantations. Elles ne demandent alors plus aucun entretien. Mais leur coût initial reste très élevé, ce qui implique deux risques : que le nombre de ces plantations soit limité par ce coût ou, plus inquiétant, que ce coût soit assumé par des acteurs économiques capables de le soutenir mais aux logiques discutables. Ces dérives sont problématiques car les scientifiques sont très clairs s'agissant de l'impact des plantations de forêts sur le réchauffement climatique. Elles ne pèseront dans la balance que si, en parallèle, nous changeons notre mode de vie en réduisant massivement notre consommation de ressources et énergies fossiles.

« Notre conclusion chez les Semourais est très simple : si nous devons planter des forêts en suivant ces principes : biodiversité, sols vivants et densité, il faut les assumer collectivement sur un modèle participatif qui tire leur coût vers zéro. C'est le défi que nous nous sommes donnés et qui nous distingue des autres planteurs de forêts. »

DES ÉCOSYSTÈMES NATURELS RECRÉÉS PAR DES ÉCOSYSTÈMES SOCIAUX


« En résumé, la méthode Miyawaki consiste à planter très densément (trois plants par mètre carré) une grande variété d'essences natives après une préparation de sol qui permet leur croissance commune. Les arbres et arbustes sont plantés à deux ans, après culture en pépinières. Les deux dépenses les plus importantes d'une telle plantation sont la préparation de sol et le coût des
plants. 

« La préparation de sol est un pilier de la méthode Miyawaki. Pour en comprendre la nécessité, il est important d'avoir en tête la manière dont se reconstitue naturellement une forêt. Il faut plusieurs siècles pour que s'épanouissent les essences qui composent une forêt mature ! Si on laisse la nature faire son oeuvre, des annuelles d'abord, puis des vivaces coloniseront un sol laissé à
l'abandon. Viendront ensuite, progressivement, des arbustes et des arbres pionniers ; les arbres composant une forêt mature ne trouvant qu'après plusieurs décennies des conditions propices à leur développement. La préparation de sol de Miyawaki et sa manière de planter très densément reconstituent artificiellement des conditions favorables à la croissance de ces essences tardives.

Organisation d'une action de compostage avec Emmaüs

« Le coût de cette préparation de sol peut se réduire en multipliant les partenariats : avec des agriculteurs urbains, des centres équestres, mais aussi des citadins qui compostent leurs biodéchets.
C'est pour cette raison que nous avons initié en mai 2019 une campagne d'actions dans un Emmaüs de Marseille afin d'accompagner cette communauté dans le retraitement de ses biodéchets :
nous avons construit un poulailler et un composteur géant (désormais gérés par les compagnons) et nous nous sommes aujourd'hui lancés dans un projet de fabrication de bokashis (des composteurs d'intérieur) à partir de matériaux de récupération qui viendront alimenter le réseau de compostage marseillais.

« Comme le rappelle Claude Bourguignon, la biodiversité d'un écosystème repose sur celle de son sol ! Cette sensibilité à la vie du sol, nous essayons de la transmettre dans les écoles où nous intervenons en les aidant à installer des composteurs ou à optimiser leurs utilisations. Cependant, auprès des écoles, notre projet central demeure le lancement de pépinières qui nous permettent tout à la fois de réduire le coût de nos plants et de sensibiliser les enfants. A terme, nous espérons que ces pépinières nous fourniront la majorité des jeunes arbres et arbustes plantés dans nos forêts. »

DES SEMOURAIS ET DES CRAPAUDS

« En juin 2019, nous avons rencontré Thanh Nghiem et le collectif des crapauds fous qui ont décidé de nous aider à nous déployer. Avec leur équipe de virtuoses de l'informatique, nous avons rapidement créé un site où nous exposons nos actions. Nous y livrons aussi les fruits de nos expérimentations dans des kits pratiques synthétisant l'essentiel de ce que nous avons appris concrètement, afin que d'autres puissent facilement suivre notre exemple.

« A l'heure où nous préparons le sol de la plantation de notre première forêt, nous élaborons dans nos pépinières, les écoles et sur le net, la multiplication des plantations suivantes.
Envie de nous aider ? Il vous suffit de suivre nos kits. Sur l'horloge de la nature, c'est le moment idéal pour lancer une pépinière. »

La voix des Semourais


Les Semourais collaborent également avec le Groupe Colibris Marseille. Ensemble, ils font du partage de réseau, de la mise en avant de projets, et des action sur place à Emmaüs pour construire des composteurs à partir de matière/objets recyclés et sensibiliser. Plus d'infos sur leur site.


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La méthode Myawaki deviendrait-elle le meilleur exemple à suivre dans l'urgence de ce dérèglement climatique. Elle est très convaincante, a fait ses preuves dans plusieurs pays, il ne faut pas hésiter à la pratiquer ! Je pense qu'il ne faut plus tergiverser mais agir ! Merci pour cet article si riche et si pédagogique !