Un mois d'actus dans le monde #1
C’est arrivé sur Terre en juillet 2019
Chaque jour, elles nous inspirent, nous attristent ou nous réconfortent. Parmi les milliers de nouvelles et productions de connaissances qui surgissent dans le monde, Colibris le Mag a décidé d’effectuer une veille afin de vous proposer cette sélection de news, souvent passées sous les radars des grands médias. Et vous pourrez compléter votre découverte en remontant à la source de chaque nouvelle.
- ALERTES DU MOIS -
Tara suit les plastiques des fleuves à la trace
16 mai 2019
Le 23 mai dernier, la goélette de la Fondation Tara Océan a quitté Lorient pour une expédition de six mois sur dix fleuves européens (1). À son bord, une quarantaine de scientifiques vont évaluer la concentration de déchets plastiques charriés par les fleuves et leur impact sur les organismes marins. Cette campagne fait suite à celle de 2014 en Méditerranée, qui a notamment montré que c’est la région du monde la plus impactée par la pollution plastique. On estime en effet que 8 millions de tonnes de plastiques sont ainsi déversées en mer chaque année ! « Nous devons agir en amont, sur les fleuves, car on sait que 80 % des déchets plastiques qui arrivent en mer viennent de la terre et transitent par les fleuves. » révèle Jean-François Ghiglione, écotoxicologue microbien à l’Observatoire océanologique de Banyuls. Durant cette mission, les chercheurs analyseront les sources et les mécanismes de pollution-dispersion des microplastiques de la terre à la mer, les polluants (hydrocarbures, pesticides, phtalates, bisphénol A…) qui leur sont associés, et leurs impacts sur la biodiversité marine. De plus, ils étudieront les bactéries des fleuves capables de dégrader ces plastiques. À suivre.
(1) L’estuaire de la Tamise, l’Elbe en Allemagne, le Rhin, la Seine, la Loire, la Gironde, le Tage au Portugal, l’Ebre en Espagne, le Rhône et le Tibre en Italie.
Pollutions aux particules fines : des coûts humains et financiers vertigineux !
13 juin 2019
Pour entraîner une baisse significative de la mortalité due aux particules fines, il faudrait baisser leur niveau moyen d’au moins 3 microgrammes par m3 d’air en moyenne annuelle. Telle est la conclusion d’une étude interdisciplinaire menée par des chercheurs de l’Inserm, du CNRS, de l’Inra, d’Atmo Auvergne Rhône-Alpes et de l’Université Grenoble Alpes ayant étudié les agglomérations de Lyon et Grenoble. Ce travail publié dans Environment international donne également un ordre de grandeur des atteinte pour la santé des populations vivant dans ces deux agglomérations (0,4 et 1,4 million d’habitants respectivement) (1) et des coûts financiers : 1 200 € par habitant et par an…
L’équipe de chercheurs est maintenant en train d’identifier des actions concrètes à mener sur les principales sources de pollution (chauffage, trafic routier) qui permettraient d’atteindre une telle diminution des concentrations de pollution. On vous en reparlera.
(1) Les particules fines sont considérée responsable de 145 décès par an à Grenoble (soit 5,6% des décès) et de 16 cas de cancers du poumon durant la période 2015-2017, et de respectivement 531 décès et 65 cas de cancers du poumon à Lyon pour la même période.
Cet été, il va faire soif !
18 juin 2019
De nombreuses nappes phréatiques en France affichent des niveaux « peu satisfaisants » et « inférieurs » à ceux de l'an dernier, alerte le Bureau de recherches géologiques et minières. Au 1er juin, 59 % des nappes se situaient à un niveau « modérément bas à bas ». Cet été, prévu plus chaud que la normale, l'établissement public s'attend à des problèmes dans plusieurs régions (sud de l'Alsace, Bourgogne ou amont du Rhône) où les niveaux d'aquifères sont proches des minima enregistrés pour un mois de mai. Et 32 départements métropolitains viennent d’être soumis à des restrictions sur l'usage de l'eau, notamment la Vendée et l’Isère, mais aussi le Loiret, l'Indre, l'Allier, le Tarn, le Lot et la Loire-Atlantique. Selon les trois niveaux de restriction, les particuliers ne peuvent plus laver leurs voitures, arroser leurs jardins ou remplir leurs piscines ; des restrictions peuvent aussi concerner les activités agricoles. L’eau, un trésor à préserver !
Les mesures de restrictions d'eau près de chez vous
Sortie de route pour la France sur le climat
25 juin 2019
Le tout jeune Haut Conseil pour le climat (HCC) vient de dresser un panorama sévère des politiques publiques et des développements industriels en matière de climat : « Les efforts de la France sont réels, mais ils sont nettement insuffisants (1) et n’ont pas produit les résultats attendus. Tant que l’action en réponse au changement climatique restera à la périphérie des politiques publiques, la France n’aura aucune chance d’atteindre la neutralité carbone en 2050 », résume dans Le Monde la climatologue Corinne Le Quéré, de l’université britannique d’East Anglia, qui préside le HCC.
Rappelons que cet engagement ambitieux suppose de diviser les émissions de gaz à effet de serre par au moins six et d’absorber les rejets résiduels par des puits de carbone naturels (forêts, zones humides, etc.) ou des techniques de séquestration, dans les sols notamment. De quoi permettre, si tous les pays s’engageaient sur la même voie, de contenir le réchauffement planétaire à 1,5 °C d’ici la fin du siècle, en cohérence avec l’accord de Paris de 2015. Un objectif peu réaliste sans une transformation radicale de notre économie et de nos modes de vie. Deux points noirs sont identifiés : les transports et le bâtiment, qui cumulent 50 % des rejets. Plus que jamais, la taxe carbone refait surface...
(1) Les émissions de gaz à effet de serre françaises ont diminué de 19 % entre 1990 et 2018, mais le rythme de baisse sur la période 2015-2018 n’est que de 1,1 % par an en moyenne alors qu’elles devraient baisser de − 1,9 % (et − 3,3 % à partir de 2025 !).
Vagues de chaleurs et migrations…
28 juin 2019
La canicule, qui a touché la France et une partie de l’Europe fin juin était causée par des masses d’air brûlant venues d’Afrique du Nord. Dans cette région, comme au Moyen-Orient, le réchauffement climatique brûle l’air au point de le rendre invivable. Dans un avenir relativement proche, des millions de familles de cette aire peuplée par plus de 500 millions de personnes risquent de fuir leurs pays pour une toute autre raison que la guerre ou la misère : leur survie face aux changements climatiques ! Et ce, même si la température de la Terre ne devait augmenter en moyenne que de 2°C par rapport à l'époque préindustrielle… Ces sombres prédictions émanent de plusieurs équipes de chercheurs, dont celles de l'Institut Max Planck de chimie en Allemagne et de l'Institut de Chypre : « La température pendant l’été, déjà très chaud en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, augmentera plus de deux fois plus rapidement que le réchauffement planétaire moyen » pronostiquait cette équipe en 2016 dans un communiqué (anglais). À la fin du siècle, les températures de midi pendant les journées chaudes pourraient grimper à 50°C dans ces régions et ces vagues de chaleur se produire dix fois plus souvent qu’aujourd’hui.
Modélisation en images des vague de chaleur
- BONNE NOUVELLE ! -
L’agroécologie, un bon moyen de stocker du carbone et réduire les dérèglements climatique
13 juin 2019
On sait que des changements d’occupation des sols tels que l’artificialisation par l’urbanisme ou le retournement des prairies permanentes par exemple, ont des effets négatifs sur les stocks de carbone des sols français. Une étude conduite par l’Inra a évalué l’impact des différentes pratiques agricoles et forestières sur ces stocks de carbone, si précieux pour atténuer les dérèglements climatiques. En mettant en œuvre l’ensemble des pratiques agroécologiques dans les systèmes de grandes cultures et les prairies permanentes (couverts intermédiaires, agroforesterie, plantation de haies, utilisation de composts ou produits résiduaires organiques, insertion de prairies temporaires dans les rotations, changements du mode de gestion des prairies permanentes…) sur la totalité des surfaces où cela est réalisable, il est possible d’atteindre un stockage additionnel de +1,9‰ par an pour l’ensemble des surfaces agricoles et forestières. Rapporté aux surfaces agricoles seules, cela représente un accroissement du stock de carbone de +3,3‰. Conjuguées aux impacts de réduction des émissions nocives pour le climat, ces pratiques agricoles sont bénéfiques pour le climat, mais aussi pour la qualité des sols, celle de l’eau et pour la biodiversité.
Une espèce d’abeille sauvage introuvable depuis 50 ans réapparaît dans la Drôme
20 juin 2019
Grosse abeille noire qui construit son nid à l’aide de boue et de graviers, l’abeille maçonne des hangars était invisible en France depuis une cinquantaine d’années. Elle vient d’être repérée dans le Diois (Drôme) par Philippe Haeringer, un géographe à la retraite installé dans le petit village de Saint-Roman, à une dizaine de kilomètres au sud-est de Die.
Pour Vincent Albouy, ancien attaché au Muséum national d’histoire naturelle et actuel coordinateur d’une étude sur les abeilles mellifères sauvages à l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE), la réapparition de l’abeille maçonne pourrait s’expliquer par la très faible utilisation de pesticides dans la Drôme, premier département agrobiologique de France.
L’agrodiversité, une clé pour la sécurité alimentaire
21 juin 2019
L’analyse de 50 ans de données sur 91 pays montre qu’une plus grande diversité d’espèces, et de grands groupes de cultures (céréales, fruits, légumes, légumineuses etc.) au sein des pays, a un fort effet stabilisateur sur les récoltes totales au niveau national. L’hypothèse des deux chercheurs, Delphine Renard du CNRS et des universités de Montpellier et David Tilman de l’université américaine du Minnesota, est ainsi qu’« augmenter cette agrobiodiversité pourrait contrer les effets déstabilisateurs du climat sur les récoltes ».
Si cet effet de résilience par la diversité a déjà été mis en évidence pour les écosystèmes naturels, cette démonstration est plus nouvelle pour les milieux cultivés. Surtout sur une telle durée et nombre de pays. Cette étude publiée dans la revue scientifique Nature souligne aussi l’intérêt de la diversité cultivée pour réduire les besoins en irrigation.
Cultiver en bio : les abeilles nous disent merci !
25 juin 2019
Près de 180 ruches d’abeilles d’élevage (Apis mellifera) installées dans les plaines de grandes cultures et d’élevage des Deux-Sèvres ont été suivies durant six ans par une équipe du CNRS-CEBC, de l’Inra et de l’Université de La Rochelle. Elle a comparé les impacts sur ces colonies d’itinéraires en bio et en conventionnel (sans ou avec des traitements chimiques). Sa conclusion : l’agriculture biologique profite aux colonies d’abeilles mellifères, en particulier pendant la période de disette alimentaire à la fin du printemps. Deux principales raisons à cela : les cultures en bio abritent plus d’adventices (considérées comme des « mauvaises herbes », éliminées systématiquement en conventionnel), lesquelles offrent davantage de ressources alimentaires aux abeilles ; et les espaces cultivées en bio présentent moins ou pas de produit toxiques pour l’abeille. Ainsi, les chercheurs ont trouvé jusqu'à 37 % de couvain (l’espace de reproduction dans la ruche) en plus, 20 % d'abeilles adultes et 53 % de miel supplémentaire dans les colonies entourées de parcelles agricoles biologiques par rapport à celles situées en zones conventionnelles.
Les Terres et mers australes françaises, un Patrimoine mondial
5 juillet 2019
Ce sont des cailloux émergeant au sud de l’océan Indien, battus par le blizzard, perdus à plus de 2 000 km de tout continent. Et pourtant, cet ensemble de 673 000 km2 (l’archipel Crozet, les îles Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam) abritent des trésors de biodiversité : albatros fuligineux à dos sombre, otaries d'Amsterdam, manchots royaux, orques, langoustes, chou de Kerguelen... Voilà quelques-uns des exemples emblématiques de ces colonies uniques d’oiseaux marins – la plus forte concentration au monde – et de mammifères, qui s’épanouissent dans des paysages volcaniques et de calottes glaciaires sauvages et saisissants, ou au sein d’eaux riches et diversifiées. Cette vaste aire marine, protégée depuis 2016, constitue désormais le 46ème site français classé par l’Unesco.
Avions et camions mis à contribution (enfin, un peu...)
9 juillet 2019
La pression des manifestants en faveur du climat aura payé : sans vouloir taxer le kérosène des avions, le gouvernement vient d’annoncer la mise en place en 2020 d’une “éco-contribution” sur les billets d’avion, qui ira de 1,50 euro à 3 € en classe éco (respectivement pour les vols intérieur ou européens, et sur les vols long courrier) et de 9 à 18 euros (en classe affaire pour les mêmes types de vols). Cette écotaxe concernera tous les vols au départ de la métropole, sauf vers la Corse, l’outre-mer et les vols en correspondance. Elle devrait rapporter 182 millions d’euros à partir de 2020, qui seront consacrés à des investissements pour des infrastructures de transports plus écologiques, notamment le ferroviaire, mais aussi l’entretien des routes.
De plus, l’avantage fiscal accordé aux transporteurs routiers sur le gazole (17,56 € / 100 litres) sera raboté de 2 centimes / litre pour les camions de plus de 7,5 tonnes : pas de quoi pousser le secteur à se réorienter vers un mode plus écologique ! Et notons qu’il demeure les avantages consenti au gazole non routier (engins agricoles, BTP…). Il n’empêche, cette mesure, qui rapportera entre 140 et 200 millions d’euros par an pour l’État, est considérée comme une déclaration de guerre par le secteur du transport routier. Lequel assure que cela conduira à un surcoût de 700 € par camion et par an. Un nouveau bras de fer en vue…
Commentaires
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abeille
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Très bonne nouvelle ! La photo et la description que vous faites (abeille noire) ne correspond pas à la variété d'abeille décrite dans l'article. En effet, des grosses abeilles noires, dites charpentières, on en voit encore plein... et heureusement ! Chaque année, elles colonisent la glycine du jardin et cela nous ravie !
C'est la maçonne (abeille rayée et très poilue) qui a fait son retour, je crois n'en avoir jamais vu...
Bonjour Céline,
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Re
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bravo le département du Drome
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Le DROME UN DEPARTEMENT ECOLOGIQUE QUI DONNE L'EXEMPLE A SUIVRE.
A propos de vos articles
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Bonjour, et bravo !
Concis, explicite, cette formule me convient tout à fait.
Continuez, j'adhère.
positivons
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Enfin un magasine qui ne fait pas que critiquer mais qui apporte du positif à nos vies, les arbres sont sources de vie grâce à l'eau et au soleil si on les enlacent tous les jours ils nous apportent du ressourcement.
Bonne journée à tous
protection des prairies
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Tout autour de chez nous la Safer a autorisé le retour de 50 ha de prairies bio (suite à la faillite de l'agriculteur) à l'agriculture conventionnelle. Trois agriculteurs se sont partagés ces 50 ha et deux d'entre eux ont retourné les prairies (après avoir tout brûlé au glyphosate pour l'un des deux) et les prairies cultivées en bio depuis une dizaine d'années sont devenues des champs de maïs arrosés aux engrais et aux pesticides... Quant au deuxième agriculteur il a, en plus, arraché environ 800 m de haies (Nous avons fait un signalement aux services de la DDTM de la préfecture...)... Oui oui vous avez bien lu, cela s'est passé entre mars et mai 2019... On croit rêver... Vous pouvez consulter notre pétition à ce sujet sur Change.org : http://chng.it/pKJdVDgY
Excellente formule ce mag !
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Merci pour cette édition à la fois lucide et positive, on en a besoin pour prendre conscience des changements à mener, sans sombrer dans le découragement. Vous me donnez de l'espoir et l'énergie de poursuivre l'engagement !