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Le Mur Comestible, un jardin à portée de main


Reportage initialement paru dans le magazine Kaizen


Le Mur Comestible, créé par Lucas Manganelli en 2015, est un moyen de s’autonomiser en se reconnectant au vivant et à soi-même. Le concept est simple : utiliser ses murs pour faire pousser sa nourriture, même sans espace extérieur et dans 10 m2 !


Cultiver chez soi, même dans un petit studio, c’est désormais possible grâce au Mur Comestible. Plus besoin d’aller acheter sa salade ou ses épinards au magasin bio, on peut les faire pousser toute l’année, directement dans sa cuisine ! « On peut redevenir acteur de son alimentation en consommant de façon locale, riche, vivante, à un prix accessible », affirme Lucas Manganelli. Ce touche-à-tout, à la fois danseur, comédien, maraîcher et acupuncteur, a fondé l’association Ici Terre en 2015 sur le site des Grands Voisins, dans le 14e arrondissement de Paris. Créée sur les principes de la permaculture, Ici Terre¹ s’est structurée autour de trois activités : du yoga à 5 € la séance, de l’agriculture urbaine associée à l’insertion professionnelle de personnes en situation de grande exclusion et, enfin, ce projet de Mur Comestible. Une première en France.

Du mur à l’assiette

Le concept du Mur Comestible est simple : plantées verticalement dans des bacs hexagonaux modulables à l’envie, les micro-pousses végétalisent vos murs avant de passer, directement, de la terre à l’assiette ! Grâce aux ateliers proposés par l’association, vous apprendrez qu’il faut d’abord déposer les graines à germer sur un lit de terreau dans l’obscurité durant quatre jours avant de les placer à la lumière du soleil. Dix jours à trois semaines s’écoulent entre le semis et la récolte, selon la variété et la saison. 

"L’idée est de recréer un petit écosystème d’intérieur en végétalisant vos murs avec des micro-pousses qui vont ensuite directement dans l'assiette."

Saviez-vous que la micro-pousse d’un légume, au démarrage de sa croissance, contient vingt à trente fois plus de nutriments qu’au stade adulte ? Une quarantaine de variétés peuvent ainsi venir verdir les murs et les assiettes, à l’image des légumineuses, des cucurbitacées ou encore des céréales. Elles se dégustent principalement en jus vert, en salade, en sandwich, en pesto ou en accompagnement, mais « il faut toujours les consommer crues afin de préserver les bienfaits de cette alimentation vivante », précise Lucas Manganelli. Après dégustation, le terreau et les racines des micropousses sont transformés en compost afin de resemer les nouvelles graines, trouvées en magasin bio, en coopérative, auprès d’artisans semenciers ou dans un troc de graines. L’idée est de recréer un petit écosystème d’intérieur, grâce à un fonctionnement en cycles.

Une permaculture humaine et accessible

Avec le Mur Comestible, pas de hors-sol, d’hydroponie, de tapis chauffants ou de leds, mais un retour à une simplicité naturelle peu énergivore. « Il faut se réapproprier des gestes simples. Se relier à cette simplicité qui donne de la force, de la tranquillité et de la confiance », insiste Lucas Manganelli. Le projet du Mur Comestible s’inscrit dans un écosystème global, qui est loin d’être uniquement agricole. « On ne voulait pas faire imprimer des bacs en bambou à l’autre bout du monde ni aller chercher de l’amidon de maïs transgénique en monoculture pour les fabriquer », explique Lucas Manganelli. 

"On ne voulait pas faire imprimer des bacs en bambou à l’autre bout du monde ; nous recyclons des bouteilles en plastiques parisiennes et employons cinq personnes en situation de grand exclusion."

Pour produire à partir de ressources locales dans Paris, le recyclage de bouteilles en plastique s’est imposé de lui-même. Il en faut douze pour faire un bac. Le terreau est également produit sur place.

Pour produire à partir de ressources locales dans Paris, le recyclage de bouteilles en plastique s’est imposé de lui-même. Il en faut douze pour faire un bac. Le terreau est également produit sur place, seules les semences bio ne le sont pas, dans un souci de respect des normes d’hygiène. « L’idée est de rester sur du local et de prendre des gens en insertion », poursuit Lucas. Grâce au dispositif Premières Heures [lire encadré], l’association emploie pour la création du Mur Comestible cinq personnes en situation de grande exclusion, à raison d’une ou deux heures par semaine. 

Le dispositif Premières Heures permet aux grands exclus de reprendre une activité professionnelle selon un rythme progressif : quatre heures par semaine, puis huit heures, douze heures… jusqu’au Contrat Unique d’Insertion de vingt-six heures.

Cette volonté de recréer du lien est au coeur du projet d’Ici Terre. « Le mouvement massif et planétaire d’exclusion sociale, de “mal répartition” des richesses et de destruction d’écosystèmes et de sociétés humaines tout entières est lié au fait que nous avons une pensée trop fragmentée, en rupture de lien avec le vivant », regrette son fondateur. Le Mur Comestible cherche donc à recréer une symbiose entre notre intériorité, notre environnement et les autres. Récompensé par le Prix Nature & Découvertes de l’innovation sociétale en juillet 2017, il sera distribué par la marque dès le printemps 2018. 


La Fabrique des colibris

Sur la Fabrique, vous pouvez participer à la réussite des projets des colibris grâce à vos coups de pouce financiers, bénévoles, vos regards d’experts ou vos prêts de matériel !
Parce qu'ensemble, on va plus loin.

www.colibris-lafabrique.org


¹ : Ici Terre est intégralement autofinancée grâce aux ateliers d’agriculture urbaine et de bien-être, dont les tarifs vont de 5 à 35 €, mais surtout grâce à la vente de ces prestations à des entreprises.



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