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Jeunesses eurocéaniques #5

L'éducation au secours de la Terre ?


Itchy Feat est un média Web alimenté par des étudiants en journalisme : Léopold, Justine et Justine. En ce début de XXIème siècle, la crise écologique bouleverse notre manière d’appréhender le monde, et les jeunes sont en première ligne. Le projet consiste à établir un dialogue avec les jeunesses du Pacifique, région excentrée et soumise à des problématiques environnementales particulières, afin de découvrir leurs aspirations pour le monde de demain.


Au fil de notre voyage, on s’est souvent demandé où trouver des réelles solutions face aux nombreux problèmes liés à l’écologie, de l'extinction de masse des espèces au réchauffement climatique, dont l'ampleur est encore trop souvent atténuée. Nos récentes lectures sur la collapsologie[1] ont profondément bouleversé notre vision presque naïve de l’écologie, et nous ont poussé à poser un regard plus critique sur l’état actuel de la planète.

Pourtant, de nombreuses personnes n’ont pas encore conscience que trier ses déchets ne suffira pas : l’éducation, la sensibilisation, semblent encore trop peu prégnantes pour faire radicalement bouger les choses.

Nous avons passé le mois dernier entre la Côte Est de l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Une période qui fut particulièrement propice, de par nos rencontres, nos reportages et l’actualité, à approfondir le lien entre éducation et écologie, entre scolarité et lutte environnementale. 

Le 15 mars, les jeunes boycottaient l’école pour réclamer une justice climatique.

Une école pour développer son lien à la Terre

Installée près de Nimbin en Nouvelle-Galles du Sud (Australie), une communauté autonome a dessiné les contours d’une éducation entièrement tournée vers la nature.

L’école de Tuntable Falls est située au milieu de la forêt tropicale.

Ainsi, quand ils font des maths ou des sciences, les écoliers de Tuntable Falls font des calculs utiles au développement du potager communautaire. Ils déterminent la surface disponible pour planter des arbres, analysent la composition du sol, choisissent les meilleurs variétés d’arbres en fonction des résultats obtenus. 

Au-delà des matières dites « classiques » - car l’école des Tuntable Falls suit le programme agréé par l’Etat - les enfants élaborent des projets pour préserver la forêt tropicale au sein de laquelle ils étudient. Les professeurs qui travaillent là-bas, comme Jessica, prennent plaisir à éveiller la conscience environnementale des enfants. Celle qui était auparavant professeure dans une école publique plus classique, reconnaît que les enfants sont plus dissipés dans cette école communautaire, mais que cela leur vient d’un profond attachement à leur autonomie. Elle insiste également sur le fait qu’ils prennent plus soin de leur prochain, et de la nature. Par exemple, des groupes de conversations sont organisés dans la nature pour résoudre les conflits de la semaine. 

 Ici, la cour de récré, c’est la forêt.

Joe, l’un des professeurs, nous a bien expliqué que les valeurs véhiculées par l’école de Tuntable Falls sont encore absentes du cursus classique : respect de la nature, sens de la communauté… Et cette absence, certains  jeunes en prennent  conscience. 

Face à l’inaction politique, les jeunes se bougent 

Les jeunes néo-zélandais ont envahi les rues d’Auckland.

Le 15 mars, plus d’un million de jeunes du monde entier ont séché leurs cours pour manifester afin de montrer leur indignation face à l’inaction politique. En Australie, nous voyons que l’écologie n’a pas encore trouvé sa place au sein du programme scolaire. Alors que notre voyage se poursuit en Nouvelle-Zélande, on se demande si c’est le cas ici. On a rencontré vingt-et-un jeunes d’Auckland qui ont organisé la grève pour le climat. 

On leur a demandé, en vidéo, quelle place occupe l’éducation dans la lutte écologique : 

Brianna, la sensibilisation pour faire face à l’urgence

Certains jeunes sont particulièrement conscients des enjeux écologiques de par leurs origines. À Auckland, nous avons rencontré Brianna, originaire des Îles Samoa. Cette étudiante en science politique et relations internationales est une activiste environnementale.

Brianna a lancé une association environnementale à l’âge de 12 ans.

L’urgence écologique, elle la vit au quotidien dans son île, particulièrement menacée par la montée des eaux. Pour elle, axer son avenir professionnel autour de l'écologie est une évidence depuis longtemps. Elle nous a impressionnés. Dès 12 ans, elle a créé la branche samoane de l’organisation environnementale 350.org. Rapidement, lorsqu’elle s’est rendue compte que son île était loin d’être la seule menacée par le réchauffement climatique, elle a réuni l’intégralité des branches du Pacifique de 350.org pour créer l’association 350 - Pacific Climate Warrior. L’objectif est de montrer que les peuples du Pacifique sont unis, menacés mais pas abattus, et que leur parole doit être entendue. 

Le 15 mars, Brianna a encouragé les jeunes à poursuivre leur mobilisation.

Aujourd’hui, elle étudie pour pouvoir aider à porter la voix des peuples du Pacifique jusqu’aux grandes instances internationales.

On s’en doutait déjà auparavant, mais ce dernier mois nous a clairement montré que la scolarité, dans de nombreux pays, était totalement démunie face au défi écologique. Pour l’instant, ce sont surtout des instances de socialisation autre que l’école qui sensibilisent à l’écologie : le patrimoine culturel de la famille, les associations, les lectures périscolaires en sont des exemples. 

On ne changera pas les choses sans notre génération. Elle doit être suffisamment armée pour affronter ce qui arrive, ou est déjà là. L’école doit permettre aux jeunes de développer un bagage suffisant qui leur permettra d’être des citoyens mondiaux soutenables et éclairés. Elle a un rôle à jouer, et il est temps qu’elle s’y mette. 



1. La collapsologie est la science qui étudie l’effondrement. Les deux ouvrages majeurs de ce courant sont Comment tout peut s'effondrer ? de P. Servigne et Une autre fin du monde est possible de  et R. Stevens.

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Un article documenté et bien écrit qui aborde intelligemment le rôle que les jeunes générations entendent jouer dans la responsabilisation de celles qui sont actuellement "aux affaires" mais qui ne semblent pas encore très bien comprendre tous les enjeux du changement global pour leurs enfants et petits-enfants qui devront très prochainement composer avec leurs effets dévastateurs. Ils semblent certes un peu démunis face à cette inertie patente mais leur enthousiasme et leur imagination peuvent amener une prise de conscience salutaire. Ils portent l'espoir et c'est déjà beaucoup face à des gouvernements souvent désespérants.