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Fin du mois contre fin du monde ?


Chère et cher colibri, je voulais te parler du mouvement des gilets jaunes. Embarras dans les chaumières écolos... Oui, je sais : derrière ces manifestations et barrages spontanés coagulent des colères très diverses, parfois confuses et contradictoires. Bien sûr, certains propos anti-écolos, parfois hostiles aux médias et aux politiques, des actes de violences aussi, me font horreur, comme à toi je suppose. Et je doute à mon tour que l’immense majorité des gilets jaunes convergent avec le même entrain sur le pavé pour la grande Marche mondiale contre les dérèglements climatiques, le 8 décembre prochain. 

Tout cela m’a jusqu’ici retenu de placer ce gilet fluorescent de sécurité sur la plage avant de ma vieille 306. Tant la Terre perd la boule et le climat part en quenouille. Les émissions nationales de CO2 sont reparties à la hausse depuis 2015 et ont excédé, en 2017, de 7 % le plafond à ne pas dépasser pour parvenir à la neutralité carbone au milieu du siècle, selon une étude de mi-octobre de l’Institut du développement durable et des relations internationales. Et les climatologues nous pressent d’agir dans les cinq ans… Hého Terrien, réveille toi !! 

C’est te dire si j’entends le désarroi de plusieurs amis écolos face à ce mouvement de rejet de cette taxe carbone : certains ont d’ailleurs partagé – 70 000 fois sur Facebook en quelques jours – ce lapidaire contre-appel "Vas te faire foutre avec ton putain de 17 nov !"

Double exigence, de justice et de dignité

Colère, désarroi. Perplexité… Je me dit : attention, Vincent, ne joue pas une colère légitime contre une autre. Un peuple contre un autre, pour ne pas dire une élite contre sa base. Ne te fais pas manipuler par ce jeu politico-médiatique où l’on cherche à t’enrôler. Cherche plutôt à comprendre les racines de cette révolte spontanée, virale, qui met en mouvement des centaines de milliers de personnes. Le weekend dernier, je me suis donc rendu – en bagnole ! – sur un rond-point de ma petite ville des Hauts-Cantons de l’Hérault où les protestataires se rassemblaient. « On n’est pas contre l’écologie, m’a assuré une retraitée. Tout ce que je veux, c’est pouvoir me chauffer cet hiver ! Et tu sais, la taxe sur le SP95 : elle ne touche pas les bobos des villes, mais que nous, les rats des champs ! ». Son collègue de barricade pestait, lui, contre « des taxes à la pelle, la limite à 80 km/h et toutes ces normes écolos : ras le bol ! On veut encore pouvoir bouger, c’est tout ce qui nous reste ! »

C’est clair, les gilets jaunes ne racontent pas tous la même histoire. Et pourtant, au-delà de cette mosaïque humaine, de revenus et de cultures, émergent de ce grand chaudron bouillonnant où chacun dépose sa détresse, sa lassitude et ses exigences, plusieurs aspirations avec lesquelles je me sens reliées. En premier lieu, l’impérieuse demande de considération exprimée par de nombreuses personnes paupérisées et angoissées, par des « sans voix » exaspérés qu’« ils » parlent toujours en leur nom. Ils ? Pêle-mêle, nos élites politiques, financières, médiatiques. J’entends chez une partie d’entre eux l’exigence de vivre dans la dignité, bien plus que d’obtenir des aides – de toutes natures d’ailleurs : sur les transports, le chauffage, les APL, les impôts… Et de sortir de la pauvreté ou la précarité, exigences qui montent fort parmi les gilets jaunes ces jours derniers.

Je m’interroge sur le fait de savoir si ce mouvement traduit un rejet de l’écologie et de la lutte contre le dérèglement climatique. Chez certains d’entre eux, sans doute. Je distingue pourtant et surtout dans leur mouvement un refus de l’injustice fiscale. Nombreux sont ceux qui, sur les réseaux sociaux, ont mis en regard cette taxation des carburants et la suppression de l’impôt sur la fortune. Un totem de la pensée ultralibérale d’Emmanuel Macron auquel s’ajoute le détricotage calamiteux de la taxe sur les transactions financières, dont le principe fut si durement acquis. De fait, conséquence d’une politique fiscale et d’aides aux (grandes) entreprises engagée par plusieurs gouvernements, la taxation du capital est devenue inférieure en France à celle du travail. Cela est insupportable, je trouve, à l’heure où l’on exige des Français de réaliser de nouveaux sacrifices fiscaux. Avec au passage, ce message subliminal qui leur est délivré : les premiers pollueurs, c’est vous…

L'évasion fiscale représente plusieurs dizaines de milliards d'euros en France. Ici, la Barbade (crédit : Gilles Messian)

Ajoutons que les recettes de cette “taxe carbone” (ou “contribution climat-énergie”) ne financent pas entièrement des mesures de décarbonisation de nos productions et nos consommations : des investissements en faveur de transports publics écologiques, de la rénovation thermique de l’habitat, de la transition agroécologique de notre agriculture si fortement émettrice de gaz à effet de serre, ou encore des filières d’énergies renouvelables. Non, seuls 7 milliards d’euros sur les 34 récoltés avec la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TICPE) sont directement « fléchés » vers la transition énergétique. Pour l’essentiel, cette taxe vient financer les collectivités et rééquilibrer le budget global de l’État. Il y a de quoi désespérer un petit colibri, non ?

Ajoutons que d'autres choix fiscaux existent, comme le rappelle Cyril Dion dans une tribune à Libération, le 2 décembre : «Unissons-nous pour basculer la fiscalité carbone sur les entreprises les plus polluantes, jusqu’ici largement exonérées, comme le propose Attac. Ces 100 entreprises responsables de 70 % des émissions carbone. »


La France, championne d’Europe des taxes sur le carburant ? Faux. 

Contrairement aux affirmations entendues sur les barrages, l’essentiel (les deux tiers) de la croissance des prix à la pompe provient de la hausse des cours du baril de pétrole et, secondairement, des taxes imposées par l’Etat. Celles-ci ne cessent néanmoins de croître depuis 2015 en réalité. En France, dans les années 1950 et 1960, les taxes représentaient environ 80 % du prix de l’essence, puis environ 60 % les années suivant les chocs pétroliers, avant de redescendre à environ 50 % ces dernières années. Et nous ne sommes pas les champions d’Europe des taxes sur les carburants : celles-ci représentent 50 % à 70 % des prix des carburants dans l’ensemble des pays membres de l’Union européenne. 


Empilement d’incohérences des politiques publiques


Où est la stratégie globale et articulée de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans nos politiques publiques ? Je la cherche encore. Restons sur la politique des transports. Comme le rappelle le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique, les transports, tout modes confondus, constituent le principal contributeur d’émissions de CO2 en France : 29 % des émissions en 2017, et la tendance est à la hausse... 

Malgré cela, l’État ne soutient pas avec opiniâtreté le fret par voie fluviale ou ferroviaire. Et, malgré un affichage dans la prochaine loi d'orientation des mobilités (LOM), il laisse dépérir les trains du quotidien – soyons juste, la tendance ne date pas de l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, mais de plus de trente ans ! 

Partout en France, des centaines de petites lignes et de gares ferment ou vont fermer dans les cinq ans… Je l’éprouve dans le bourg rural où je réside : ma gare n’est plus que l’ombre d'elle même et le service ferroviaire se racornit chaque année. Véritable cercle vicieux : la dégradation du service (fréquence, horaire, absence de cadencement avec les grandes lignes, fermeture de gares locales, etc.) entraîne une chute de fréquentation de ces lignes (au profit de la voiture !), qui du coup coûtent cher pour le service rendu… Et aujourd’hui, elles sont empruntées par dix fois moins d’usagers que les grandes lignes, mais moins pour les loisirs que par nécessité. Comme le faisait remarquer l’ancien journaliste, fondateur de Fakir et actuel député de la Somme François Ruffin (La France Insoumise), au micro de France Inter le 16 novembre « Dans la pacte ferroviaire qui a été adopté au printemps [2018], il n’y a pas une seule fois le mot “climat”, le mot “biodiversité”, le mot “réchauffement”. En revanche, on trouve le mot “concurrence” 85 fois…» Tout est dit ?


Voir en plein écran

Incohérent, ce gouvernement l’est encore, je trouve, en poursuivant l’investissement massif de ses prédécesseurs dans le réseau autoroutier et leur privatisation. « Ce qui est donné en dividende pour les sociétés d’autoroute en France est de l’ordre de 4,5 milliards d’euros, poursuivait le député de la Somme : cela suffirait à rendre gratuit les transports en commun de toutes les villes de France. » Voire. On peut discuter sur les formes d’un tel transfert entre des sociétés privées et des régies municipales, pinailler sur les chiffres de ces dividendes. Mais ce rapprochement des deux sommes éclaire les priorités apportées depuis des lustres par les gouvernements successifs. Et qui dit extensions des autoroutes dit trafic et pollutions supplémentaires. Sans compter le grignotage continu des espaces naturels et des terres agricoles.

Et le kérosène des avions, il pollue pas, lui ?!

Incohérence toujours en matière de transport, aérien cette fois. J’apprends ainsi que le kérosène, carburant issu du pétrole, est totalement exonéré de fiscalité écologique, au nom de la compétitivité des compagnies aériennes françaises face à leurs concurrentes étrangères. Dingue, non ? Surtout qu’en 2017, 4 milliards de passagers ont emprunté l’avion – la croissance annuelle du trafic est de 6 % à 8 % –, responsable de plus de 3 % des émissions au niveau mondial. Peut-être trois fois plus, selon les spécialistes du climat (GIEC). Je renvoie les lecteurs à l’excellent article sur les diverses taxes et les carburants de Luc Peillon du CheckNews de Libération du 6 novembre. « On a l’impression que les principaux pollueurs sont épargnés, souligne Sarah Fayolle, de Greenpeace, dans Reporterre. D’autant que la taxation du kérosène ne trouve pour l’instant pas sa place dans le projet de loi Mobilité ou dans le projet de loi finances (PLF), les deux processus législatifs en cours. » 

Le kérosène est complètement exonéré de fiscalité écologique, alors que le transport aérien représente plus de 3 % des émissions de GES au niveau mondial,  avec une croissance de 6 % à 8 % par an (licence CC0)

Ainsi, le manque (fiscal) à gagner pour l’État se chiffrerait en 2017 « à 800 millions d’euros, rien que sur les vols intérieurs qui concurrencent directement le train et le covoiturage », note toujours dans le quotidien de l’écologie Loreleï Limousin, du Réseau Action Climat. 800 millions € qui, là encore, pourrait être investis chaque année pour aider les ménages, les collectivités et les entreprises à s’engager plus énergiquement dans cette transition écologique. De la même manière, une taxation ciblée sur le pétrole des portes-containers pousserait les industriels à relocaliser leurs productions, et à rapprocher les lieux de fabrication des lieux de consommation. Bon pour l’emploi, bon pour l’environnement.

Un sevrage possible contre l’addiction à la bagnole

À ce stade, je me demande si la suprématie de la bagnole est irréversible. En fait, si l’offre de transports publics est à la hauteur des besoins, les spécialistes nous disent le contraire. Ainsi, Jean Sivardière, vice-président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), montre bien dans une tribune publiée récemment par Reporterre qu’une politique volontaire et cohérente de transports publics permet de limiter cette addiction, y compris dans les zones rurales. C’est en partie le cas en Allemagne, en Italie et en Autriche : de nombreux territoires ruraux dans ces pays sont à présent desservis à des coûts raisonnables par des trains ou des cars (bon, rarement électriques, ok !), avec une amplitude horaire et des fréquences élevées, des horaires adaptés aux déplacements domicile-travail et des tarifs attractifs. « Il est alors possible à un automobiliste de se rabattre par un moyen individuel (voiture, vélo ordinaire ou à assistance électrique…) vers une gare ou un parking relais, et d’économiser beaucoup de carburant », note ce spécialiste des transports. 

Le Tire-Bouchon, un TER entre Auray et Quiberon (crédit : Cramos, CC BY SA)

Bon, ne masquons pas la difficulté : cette question des transports ne peut être isolée de celles des politiques de développement des territoires, des connexions entre eux, de la taille des villes, de l’accès conjugué à l’emploi et au logement, mais aussi des besoins grandissant d’un cadre de vie plus humain et proche de la “nature”... Or, depuis quarante ans, les distances s’allongent pour circuler en, entre et autour des villes (qui grandissent), pour relier son lieu de résidence à son travail. Dès lors, on ne règlera pas ces besoins de mobilité par le seul solutionnisme technologique (des voitures plus propres, une densification des transports publics)... Ces progrès sont certes indispensables mais insuffisants. Il faut réfléchir aussi à rapprocher nos lieux de travail et de résidence, par de la création d’activités plus près des bassins de vie, d’emplois décentralisée et de nouvelles organisations du travail (par le télétravail, la coopération, entre autres), par des commerces itinérants de produits courants, par la construction d’une offre de santé et d’autres services de proximité, par de meilleures connexions Internet, etc. On le voit, des choix de vie et d’organisation du territoire majeurs, difficiles, sont en jeu. Et, là aussi, je me dis que les citoyens doivent être les acteurs et les moteurs du changement.

Rendez-vous historique pour l’écologie

Vois-tu, à l’arrivée de ce temps de réflexion sur le mouvement des gilets jaunes, j’ai le sentiment que tant d’incohérences gouvernementales, cet impensé global, relèvent d’un « green-washing fiscal » dont aucun de nous ne peut s'accommoder. Hélas, rien dans le discours du président Macron, le 27 novembre, ne m’a donné l’espoir d’une bifurcation. Pas davantage dans la Loi d'orientation des mobilités, qui sera en débat à l’Assemblée en février prochain. Et ce malgré l’investissement de 3,8 Md€ sur dix ans dans les infrastructures du rail et autres transports en commun – insuffisant pour sauver le rail. Ni l’un ni l’autre ne (re)donnent une vision et une cohérence à la politique des transports, d’aménagement des territoires et à la lutte contre le dérèglement climatique. Ou alors par des promesses dilatoires, telles ces conférences en région un peu fourre-tout. Ou à la marge, avec l’appui dans la LOM au covoiturage, aux pistes cyclables et l’extension du réseau de bornes de recharge des voitures électriques. 

La veille du discours d’Emmanuel Macron, huit « porteurs de messages » des gilets jaunes dévoilaient un vaste cahier de doléances. Parmi cet ensemble hétéroclite, un appel à créer « une assemblée citoyenne » pour débattre de la transition écologique, de l'augmentation du pouvoir d'achat ou encore de la précarité, m’a fait dresser l’oreille. D’aucuns trouveront la proposition trop floue, bien ambiguë, aux accents poujadistes, un véritable déni de la démocratie parlementaire. Je ne suis pas naïf, il y a à l’évidence matière à clarification. Mais enfin, cette volonté d’assemblée citoyenne et de référendums populaires manifeste aussi une aspiration à davantage de démocratie citoyenne, à une prise en main de son destin et celui du pays. N’est-ce pas, après tout, ce que nous réclamons à travers la démocratie contributive (découvrir notre MOOC sur le sujet)...? 

Bon, chère et cher colibri, ce cri profond en jaune fluo ne dit rien de l’avenir d’un mouvement sans structure. Si, une fois de plus, ces centaines de milliers de personnes ne sont pas écoutées, considérées, si l’exaspération sociale n’est pas enfin prise au sérieux, je crains que leur chaudron n’explose. Dans toutes les directions. Je ne sais pas toi, mais aujourd’hui je nouerais bien une ceinture verte autour de mon gilet jaune... Tu n’as pas le même ressenti ni la même envie que moi ? Pas de problème. Ce qui m’importe c’est que nous ne tournions pas le dos à ce mouvement spontané et populaire. Mieux, j’espère que nous sortirons tous grandis de cette crise, avec ou sans gilet. Avec pour ligne d’horizon le même objectif : faire bouger les politiques publiques dans le sens d’une plus grande exigence et justice écologique. Il est plus que temps !



Aller + loin 

- Le dossier très réussi de nos amis et partenaire Reporterre. Et notamment cet entretien avec Matthieu Auzanneau, spécialiste de l’énergie et directeur du think tank The Shift Project.

- Les articles sur les diverses taxes et les carburants de Luc Peillon du CheckNews de Libération.

- Les articles des Décodeurs du journal Le Monde, notamment celui du 22 novembre.


Photo du chapô : crédit NightFlightToVenus, CC-BY-SA

Commentaires

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Le message envoyé par le président et son gouvernement amène, malheureusement, les divers protagonistes, à se dresser les uns contre les autres. Finalement, ils arrivent à opposer les personnes, alors que nous avons tous envie d'un monde plus sain tout en arrivant à vivre et non à survivre. Je ne pense pas que les gilets jaunes soient anti-climat, mai, pour l'instant, ils n'ont pas les moyens d'y participer. Et, çà, nos "chers" politiciens ne veulent pas l'entendre! Dommage!

L’ecologie Commence dans la maison en changeant ses habitudes:
• éviter tout les plastiques et cela commence par les bouteilles d’eau: Investir dans un purificateur d’eau ( oui que sais, cela à un coût, mais pour ceux qui peuvent c’est impératif)
• Utiliser des produits d’entretien naturels enveloppe dans du papier, comme le vinaigre blanc, le savon de marseille(le vrai) le bicarbonate de soude, le per carbonate de soude, l’acide citrique....)
• Utiliser des produits d’hygiene comme le shampoing savon, les savonnettes, le dentifrice en poudre.....et le tout rechargeable
Etc.....

Il n'existe pas de politique environnementale dans ce gouvernement. Pourquoi avoir autorisé l'exploitation de l'or en Guyane? Pourquoi développer le tourisme sans contrôle (voir Nouvelle Calédonie), prévoir de doubler le trafic aérien dans les années à venir et M. Lemaire qui a envie de nouvelles centrales nucléaires....On est tous concernés par l'environnement mais le changement en profondeur se fera par une orientation du gouvernement pour la protection de la planète et non des intérêts financiers.

" faire bouger les politiques publiques dans le sens d'une plus grande exigence et justice écologique "...et comment???
N'est il pas grand temps pour les colibris ( maintenant structurés et matures) de prendre place et part à la table des concertations actuelles proposées par les dirigeants actuels!!!! pourquoi ce silence ? attendons nous que l'on nous y invite? préférons nous considérer que " notre part" est faite ? qu'il suffit de nous organiser entre nous ... et de rester entre nous ?
l 'espace est étroit et a mon avis très temporaire et il s'agirait encore de faire sa part ! si l'on n'y va pas maintenant, on ne pourra plus se dire que nous oeuvrons pour l'avenir de nos enfants sur cette planète.
de tout mon coeur
Frédérique

1) Bonjour Frédérique, et merci pour ton interpellation. Celle-ci en rejoint d'autres sur le souhait que Colibris s'engage davantage dans un processus de concertation plus politique. Mais d'autres, au sein du mouvement et parmi celles et ceux qui nous accompagnent, y sont très opposés, considérant que ce n'est pas notre place. Personnellement, je ne repousse aucune de ces deux approches... (...)

(...) 2) Je pense que Colibris, au niveau de ses projets ou des groupes qui lui sont liés, peut parfaitement échanger avec des élus locaux ou parlementaires, ou encore participer à des assemblées de concertation d'acteurs au niveau local voire national. Et cela dans une posture très claire : faire remonter les expressions & propositions de collectifs citoyens ou partenaires avec lesquels nous sommes en lien à travers nos actions. Plus que donner "la position de Colibris" sur tel ou tel sujet – ce que nous serions d'ailleurs bien en peine de faire, n'ayant pas de "positions" officielles sur tout ou d'avis sur tout, étant traversés par une diversité de pensées et d'approches malgré des convergences fortes sur des valeurs et des aspirations. (...)

3) Autre posture essentielle à mes yeux dans nos interventions possible auprès des "politiques" : favoriser systématiquement la création d'espaces d'échange et de décisions vraiment démocratique avec les citoyens et différents acteurs afin de co-construire des transitions écologiques, démocratiques et sociales. L'apport que peut surtout avoir Colibris, me semble-t-il, est de relier, accompagner et outiller les citoyens et les collectifs pour qu'ils interagissent en toute conscience et autorité avec les décideurs politiques et les autres acteurs, notamment professionnels. Cela passe par tout une série d'actions et d'outils mis à leur disposition, dont ce magazine, mais aussi des MOOC, des Agora, l'action des groupes locaux, l'accompagnement par La Fabrique, etc. (...)

4) Autre apport possible de Colibris : favoriser chaque fois que possible l'action en réseau, voire être en soutien d'autres associations partenaires quand celles-ci sont plus pertinentes que nous sur un sujet. Ou juste pour enrichir et renforcer notre intervention. Enfin, et de façon très simple, je vous dirai que Colibris n'a ni la vocation d'intervenir partout sur tout, ni les capacités (moyens humains et compétences) à le faire. D'où l'importance d'être en lien avec d'autres, en support parfois et donner de la force et visibilité sur les pensées inspirantes et les initiatives fortes qui éclosent ici et là dans les territoires. C'est essentiel et c'est l'utilité que nous avons, me semble-t-il.

5) Au plaisir de poursuivre cet échange ici ou dans d'autres enceintes – et désolé pour cette réponse en plusieurs volets ! ;-) Vincent Tardieu

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