La démocratie athénienne
C’est à Athènes, au Ve siècle avant J.-C., qu’est apparu ce régime politique démocratique qu’on dit à l’origine du nôtre. Étymologiquement "le pouvoir au peuple", le terme de démocratie englobe différentes manières de gouverner et différentes institutions. La construction de la démocratie athénienne débuta après une crise politique et sociale, et les cités, en proies à des luttes de classes sociales, virent la nécessité de s’unifier et de réaménager leur espace civique sur la base d’une plus grande égalité entre les citoyens.
En ce qui concerne le fonctionnement propre de la démocratie, la stricte séparation des pouvoirs était déjà un critère indispensable. Le pouvoir législatif était aux mains de l’Écclésia, c’est à dire de l’assemblée du peuple, composée d’environ 4000 citoyens, qui votait les lois. Parmi eux, étaient tirés au sort pour un an les 500 membres de la Boulê, chargés de préparer les lois et d’assurer le contrôle des magistrats. L'exécutif, c’est-à-dire les fonctions les plus importantes, étaient réparties entre deux chambres de magistrats : d’un coté les stratèges, élus pour un an, chargés des affaires militaires, des affaires étrangères et de l’application des lois ; de l’autre les archontes, tirés au sort, en charge des autres affaires (droit, religion, etc). Le pouvoir judicaire était détenu par l’Héliée, chambre composée d’environ 6000 membres tirés au sort parmi les citoyens. On note au Ve siècle avant J.-C., sous le règne de Périclès, lors de l’apogée d‘Athènes, une importance particulière accordée à la citoyenneté. L’implication politique et la culture avaient une place prépondérante au sein de la cité : un salaire était accordé aux plus pauvres afin de leur permettre d’assurer leurs fonctions civiques et politiques. En effet, assister aux fêtes religieuses et aux représentations théâtrales ainsi que la présence à l’Héliée et à la Boulê était obligatoire. (La Constitution des Athéniens, attribuée à Aristote, permet de découvrir ces institutions et de les distinguer.) On parle de démocratie directe car l’assemblée du peuple détenait le pouvoir législatif. Platon ou Aristote nous permettent d’avoir un aperçu de la conception du "bon" régime politique : il désignait celui qui vise rationnellement l’intérêt général et non les intérêts particuliers.
Aujourd’hui, la méfiance des citoyens envers nos institutions démocratiques, liée à un certain nombre d’affaires de corruption au sein du gouvernement et illustrée notamment par un fort taux d’abstention aux élections, amène à s’interroger sur notre fonctionnement démocratique et en particulier sur la question des organes de contrôle. Le caractère démocratique de notre régime est essentiellement fondé sur le suffrage universel et le référendum. Seulement, seuls les élus détiennent le pouvoir d’établir les lois, de réviser la constitution et de consulter les citoyens au moyen du référendum.
Le véritable problème de notre démocratie réside dans ses institutions : en écrivant la constitution, les élus décident eux-mêmes des règles de désignation et de contrôle des représentants, ils sont donc juges et partis. Une erreur fréquente est de balayer du dos de la main la question du tirage au sort, jugée arbitraire, sans même l'interroger. Par association d’idées, on pense à une distribution arbitraire des postes, qui ferait fi des compétences des uns et des autres. En réalité, le tirage au sort se situe du coté de l’aléatoire et n’a pas un caractère exclusif. C’est-à-dire que tout comme chez les athéniens, l'élection peut être conservée pour l'exécutif mais une attribution aléatoire de certains postes du législatif serait intéressante. Le tirage au sort parmi les citoyens pourrait être un moyen assez radical de lutter contre le carriérisme et l’avidité de certains politiques car il ne s’agirait plus d’un métier mais d’une fonction.
Sur le même modèle que l’Athènes du Ve siècle, proposer des mandats courts et non renouvelables serait un moyen de ne plus voir sans cesse défiler les mêmes personnes aux mêmes postes. Mais pour que ce système fonctionne, il est impératif de redonner foi aux citoyens, et par l’éducation et l’information, leur faire prendre conscience de ce qu’ayant entre les mains un fort pouvoir décisionnel, ils sont maîtres de leur destin. En effet, selon Jean-Paul Jouarry, il est important de distinguer "diriger" et "gouverner", et élire un représentant revient à lui confier le gouvernail. Mais ce qui est primordial pour la démocratie n’est pas tant le tirage au sort en soi, que le fait que l’ensemble de l’équipage du bateau ait pu décider collectivement et avec délibération de la destination.
Commentaires
Cet article vous a donné envie de réagir ?
Laissez un commentaire !
histoire
Permalien
il n'y a pas toutes les information par exemple a Athènes ce qui détiennent le pouvoir