Chronique : La Bergère des Corbières #2
Début d’hiver
Elle aurait dû être prof de gym, elle sera calligraphe dans le Gers, durant treize ans. Puis en 2007, Florence Robert choisit une vie au contact des animaux et de la nature. Elle devient alors bergère et crée la Ferme des Belles Garrigues à Albas, dans l’Aude. Parallèlement à son activité agricole, elle écrit. En préparation, un livre autour du sort réservé aux orangs-outans et aux forêts primaires dans le monde…
La garrigue tout l'hiver, les naissances à partir du 15 mars, le pâturage sous les parcs photovoltaïques au printemps, le départ à la montagne le 30 juin, l'estive et sa magie... C'est à tous ces rendez-vous de la nature que Florence, bergère des Corbières, nous invite chaque mois.
Qu'est-ce qu'être berger ? Le pastoralisme consiste à faire pâturer des espaces naturels ou trop pauvres pour être utilisés pour d'autres productions agricoles. C'est vrai en France, c'est vrai au Mali ou dans l'Himalaya... Les troupeaux sont capables de se déplacer et de manger des plantes parfois sauvagement défendues par leurs épines, ce qui permet aux bergers de vivre de lait et de viande là où rien d'autre n'est possible. Dans les corbières, dans la plaine de la Crau, dans les montagnes, dans les collines pentues, le pastoralisme est une pratique toujours bien vivante. Le berger, lui, est celui qui emmène le troupeau trouver, tous les jours, cette ressource nourricière en dehors des parcs clôturés.
Jérôme est le berger de ma ferme des Belles Garrigues. Vers 9h30, il ouvre les portes de la bergerie, siffle ses chiens et lance le troupeau vers le pâturage du jour. Nous en avons discuté avant : herbe disponible, garrigue neuve, pâturage de la veille, force du vent et température, présence ou non des chasseurs... Nous pâturons par quartier : la Soulane, la Serre d'Albas, la Mouillère de Cascastel. Tous les jours, il faut trouver du vert, quand il y en a, leur donner du "neuf" et passer au retour sur les plantes les plus ligneuses : genévrier-cade, romarin, pin d'Alep, filaires, alaternes. Les brebis adorent le romarin en hiver et peuvent en manger pendant une demi-heure ou plus ! Ce nettoyage naturel est bénéfique à tout un petit monde : au printemps, le soleil perce à travers ces broussailles amoindries par le pâturage et de nouvelles plantes peuvent s'installer, les lapins et les lièvres raffolent de cette herbe renouvelée et variée, les petites crottes laissées par le troupeau nourrissent les scarabées, les perdrix s'en portent mieux, et au final, c'est tout un écosystème qui profite de la présence des troupeaux qui ré-ouvrent des campagnes en voie de fermeture. Quelle a été ma surprise quand j'ai constaté que les tulipes sauvages se multipliaient avec vitalité grâce au piétinement du troupeau !
Aujourd'hui, le vent est fort, la température va descendre. Les bêtes chercheront les cades pour se cacher et mangeront les plus grosses bouchées possibles pour rentrer bien pleines ce soir. Elles pourront sans peine affronter le froid nocturne bien au chaud dans la bergerie, couchées les unes contre les autres.
Et demain : elles recommencent. La vie des troupeaux est faite de ce cycle sans fin, vertueux pour la nature à quelques précautions près. De quoi motiver encore et encore ma passion pour ce métier.
Commentaires
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Les animaux, le troupeau , ça
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Les animaux, le troupeau , ça fait envie ! c'est un peu mon enfance ! mais c 'était impossible pour moi, car élevage veut toujours dire abattage, et ça je ne peux pas. C'est d'autant plus idiot que je mange de la viande, sans beaucoup de plaisir il est vrai et que je connais la place de l'espèce humaine l'écosystème de la planète
abattage
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Le mouton sans abattage, ce n est pas cool non plus. J ai l une ou l autre brebis a laquelle je suis attachee et que je refuse de reformer. Passe 10 ans elles finissent par perdre leur dents, maigrissent et je finis par les retrouver mortes. Direction le clos d ecarissage, puis la cimenterie. Est ce plus ecologique ? Plus ethique ?
paturage sous panneaux photovoltaiques
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Bonjour
je suis éleveur de brebis dans le Berry et j'aimerai bien le faire chez moi sur 2 à 3 ha, mais on m'a dit que c'était interdit. Tu peux m'en dire plus ?
merci d'avance