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Défi relevé à Cholet !

Comment le don contribue à dynamiser l'économie d'un territoire

Dans le cadre du nouveau cap porté par l’association, l’Agora 2021-2022 propose un cycle de trois rencontres nationales, pour penser et apprendre à construire ensemble la transition écologique et solidaire sur les territoires. Ces rencontres nationales sont associées à des rencontres plus locales, proposant chacune une entrée par thématique et co-construites avec les groupes locaux Colibris. 

C’est au Domaine des Dodais à La Séguinière, tout près de la ville de Cholet (49), que s’est déroulée la première rencontre Agora locale co-organisée avec le groupe du choletais, dont le sujet principal portait sur le don et sa capacité à dynamiser l’économie d’un territoire. Cette rencontre qui a eu lieu les 4 et 5 juin, a réuni près d’une cinquantaine de participants, et a fait émerger de nombreux échanges denses et captivants !  


Présentation des concepts du don dans l'économie

Si le don dans les relations professionnelles soulève une objection majeure quant à son efficacité, plusieurs études tendent à montrer que, bien au contraire, il s’agit d’une forme de rationalité qui permet aussi bien la réussite individuelle que collective. 

C’est dans ce cadre que cette rencontre a débuté, avec une soirée riche et passionnante dédiée à un temps de débat et la possibilité de faire culture commune autour du concept du don. Ce temps fort a été filmé par Demain Vendée et présenté par François Gallon, chercheur au GRACE. Il a insisté sur les deux dimensions qui caractérisent le don avec d’une part le don-échange, basé sur la contrepartie et entraînant un contre-don. Il permet de valider la relation sociale et de la faire perdurer. Et d’autre part le don gratuit, qui lui n’implique pas de réciprocité. Il ne sert pas à construire une relation, il est jugé dans l’instant et est plutôt considéré comme une marque de bienveillance et de confiance. 

Trois retours d’expérience concrets sont ensuite venus ponctuer le débat, pour mettre en perspective et illustrer ces concepts du don dans l’économie. 

Crédit photo : Mouvement Colibris


Mise en perspective avec trois retours d'expérience concrets

Trois intervenants ont ainsi pris la parole à tour de rôle, afin de nous partager leur expérience et nous montrer que le don peut contribuer à la réussite individuelle et collective, et surtout qu’il pouvait ouvrir de nouvelles pistes capables de dynamiser tant les entreprises que les territoires.  

Dans un premier temps, Sylvanie Alain (chargée de mission Écologie industrielle et territoriale au sein du service Développement de la communauté de commune Pays de Mortagne), nous a présenté comment la communauté de commune a contribué à soutenir la création d’un espace de partage : la première « matériauthèque » de Vendée (85). Partant du constat que les déchets des uns pouvaient être des biens pour d’autres, et que ce qui n’est pas consommé dans une entreprise peut l’être ailleurs, la question de l’optimisation des ressources entre les différents acteurs du territoire s’est alors posée. L’objectif du projet était donc, au départ, de faire en sorte que des sphères qui ne se connaissent pas ou peu se croisent, tissent des liens, et fabriquent ensemble de nouvelles activités économiques. Pour cela, différentes parties prenantes se sont réunies (acteurs économiques, citoyens et institutions) pour échanger et réfléchir à un outil commun autour de la problématique de la réduction et du recyclage des déchets. Cela s’est concrétisé par l’émergence de la matériauthèque qui permet aujourd’hui de récupérer les matériaux suite à des dons de professionnels mais aussi de particuliers. Tout comme ces dons matériels, l’investissement de ces acteurs dans un contexte favorable à l’intelligence collective, participe aussi à l’économie du don.

Puis Bernard Arru a poursuivi avec la présentation de la dynamique "Territoire zéro chômeur de longue durée" (TZCLD) de Mauléon (79), une initiative expérimentale nationale réalisée sur dix territoires suite à la loi d’expérimentation adoptée le 29 février 2016, et étendue à cinquante nouvelles zones depuis la nouvelle loi du 14 décembre 2020. Initiative déclinée dans les Deux-Sèvres répondant à une des causes majeures de la misère : le chômage longue durée. L’idée ? Transférer le coût du chômage vers la création d’emplois non concurrentiels, et utiles au territoire.  Bernard Arru, un des initiateurs de cette expérimentation, a montré l’importance de l’élaboration d’un consensus avec l’ensemble des acteurs d’un territoire pour que le projet aboutisse, et ainsi créer un droit, pour tout citoyen, d’obtenir un emploi. La confiance et la reconnaissance sont donc majeurs dans cette expérimentation et font partie de cet univers du don. De même, rassembler les acteurs d’un territoire, qu’il donnent du temps et de l’énergie pour rencontrer les chômeurs ainsi que pour recenser tous les travaux et actions non mis en œuvre au sein d’un territoire, font écho avec le concept du don. 

Enfin, le Cercle Pointu, un espace économique porteur de sens localisé à Chemillé (49) et initié par François Uzereau, est le troisième projet au sein duquel le don a eu toute sa place, tant dans sa création que dans sa réussite. L’idée de départ de François était de rassembler en un même lieu des porteurs de projets qui, seuls, n’avaient pas les ressources nécessaires pour se lancer. C’est alors avec un modèle financier atypique que ce tiers-lieu est né et vit, puisque François a fait appel à ses anciens clients pour acheter le bâtiment, qui lui ont, pour beaucoup, prêté de l’argent sans forcément attendre un remboursement immédiat et impératif. Grâce à ce financement participatif, le Cercle Pointu accueille aujourd’hui près d’une trentaine d’activités différentes, dont chacun des membres s’investit totalement dans la vie et la dynamique du lieu. Le don est donc pleinement au cœur de cet espace d’échanges et de valorisation humaine et sociale. Il donne tellement de sens à ceux qui donnent que certains contributeurs n’exigent aucune contrepartie en retour. Ce type de don démontre aussi qu’il est possible de changer de regard sur la relation à l’argent. 


Rêver son territoire

Samedi matin, nous avons proposé aux participantes et participants de rêver leur territoire et de l’imaginer en 2035. Pour cela, l’animation du rêve éveillé a permis de libérer les imaginaires et de s’affranchir de nos croyances limitantes. Cette animation a ensuite été suivie d’un Cercle Samoan, phase d’émergence et de partage des idées durant laquelle seules les personnes au centre du cercle prennent la parole, un format de discussion favorisant l’écoute. Cette phase a permis de collecter de nombreuses pistes concrètes qui ont été illustrées par Miko Kontente sur la toile des idées. 


Diverses thématiques ont été évoquées à plusieurs reprises et de nombreuses propositions ont émergé comme la nécessité de vivre dans un cadre de vie plus agréable axé sur le relationnel, dans la convivialité et la bienveillance. Le besoin de se connecter à la nature avait également une place majeure, avec des espaces dédiés. Certains étaient préservés de toute intervention humaine, alors que d’autres étaient destinés à des temps de loisirs ou à la production (jardins collectifs, espaces de jeux, etc.). L’éducation des plus jeunes s’inscrit dans ce cadre, avec des espaces d’apprentissages dans lesquels tous les âges sont mélangés et où la transmission des savoirs passe par les anciens. Plusieurs participant(e)s ont aussi montré l’importance de la place de l’auto-organisation, de la souveraineté locale et d’une gouvernance partagée plus libre, d’un espace dans lequel de nouvelles solidarités apparaissent et où la culture et la sauvegarde du patrimoine sont essentielles. Les habitants de cet espace rêvé vivent dans des habitats légers respectueux de la nature, parfois sédentaires, parfois mobiles, permettant l’accueil de voyageurs. Ils se déplacent à l’aide de moyens de transports doux, comme par exemple un bus-cyclette. Quant à l’énergie, elle est citoyenne. Sa production et son stockage ont été repensés. Toutes ces propositions s'inscrivent dans un cadre économique non marchand, qui vient répondre à des problématiques de chômage et d’inégalités. Enfin, certains ont évoqué l’existence de certaines contraintes empêchant la mise en place de cet endroit rêvé, et qu’il est indispensable de le défendre afin qu’il existe et perdure dans le temps. 


Les actions concrètes à mettre en oeuvre

Si de nombreux sujets ont été abordés, trois pistes concrètes ont ensuite été choisies : l’industrie collaborative, la culture et le fait de réapprendre à prendre du temps, et enfin la lutte et les outils qui permettent de résister. Ces pistes ont été travaillées lors de trois ateliers l’après-midi. 

Chaque groupe avait pour mission de décliner un plan d’action pour chacune des pistes concrètes sélectionnées le matin à savoir la genèse du projet, les étapes clés de son développement, les partenaires impliqués, les évolutions, les impacts sur le territoire, ainsi que ses perspectives de développement. Après un retour en plénière, chacun s’est exprimé afin de mettre au point la méthode à déployer : qui s’engage et comment ? 

C’est avec cette phase que l’Agora locale prend tout sens puisqu’elle permet, au bout de ces deux jours de rencontre, de faire émerger de nouveaux projets de manière concrète, en faisant réfléchir les habitants d’un même territoire et en les rendant acteurs de sa transformation. Plusieurs rendez-vous ont ainsi été pris dans chacun des groupes (dont pique nique le 25 juin et une rencontre le 30 septembre) afin de déterminer les prochains petits pas à mettre en œuvre pour faire émerger de nouveaux projets et construire ensemble la transition écologique et solidaire à l’échelle locale !



Pour aller + loin

- Les prochaines rencontres de l'Agora des colibris

- L'expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée, avec l'association TZCLD

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