Un mois d'actus dans le monde #8
C’est arrivé sur Terre en Mars 2020
Chaque jour, elles nous inspirent, nous attristent ou nous réconfortent. Parmi les milliers de nouvelles et productions de connaissances qui surgissent dans le monde, Colibris le Mag a effectue une veille afin de vous proposer cette sélection de news, souvent passées sous les radars des grands médias. Et vous pourrez compléter votre découverte en remontant à la source de chaque nouvelle.
Cette Chronique d'actu spéciale Covid-19, a retenu qu'en plus des humains, certains primates sont menacés par le Covid-19. Nos chiens et chats aussi, pour d'autres raisons. Et plusieurs filières écologiques d'énergie et d'agriculture... Mais cette pandémie nous réserve aussi quelques bonnes nouvelles : un air nettement plus respirable dans toutes les métropoles et des animaux sauvages qui occupent le terrain déserté par les hommes. Et partout, des femmes (Naomi Klein) et des hommes (Maximes Combes) réclament un changement de trajectoire le jour d'après. Le temps des métamorphoses va-t-il s'ouvrir... ?
- ALERTES DU MOIS -
Crise pour les compagnies aériennes : une opportunité écologique ?
9 mars 2020
Selon l’Association internationale du transport aérien, les compagnies aériennes pourraient perdre 113 milliards de dollars à cause de la crise liée au COVID-19. Alors tout est bon pour sauver leur business ! En début d'épidémie, plusieurs compagnies ont fait voler leurs avions à vide et brûlé des milliers de litres de kérozen afin de ne pas perdre leurs créneaux de vols – car selon les lois européennes, elles doivent effectuer 80 % de leurs vols si elles ne veulent pas perdre ces créneaux. Et les pressions se multiplient pour que les États volent à leur secours. Aux USA, les principales compagnies ont réclamé un plan de soutien de 50 milliards de dollars face au coronavirus. Certains élus, aux USA comme en France, sont favorables à un renflouement mais exigent que cela se fasse sous conditions d’un développement d’une flotte moins polluante. Car ce secteur est responsable de 4,9 % du réchauffement climatique. D’autres élus suggèrent une nationalisation temporaire de plusieurs compagnies, comme Alitalia ou Air France-KLM, un géant européen au bord de la ruine. Cela offrirait-il aux Etats les moyens de faire baisser leurs émissions de CO2 ? Rien n’est moins sûr, pour diverses associations écologiques qui réclament d’investir plutôt dans des modes de transport collectifs plus écologiques.
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©Pexel
Pollutions atmosphérique + COVID-19 = risque aggravé
16 mars 2020
« Les patients souffrant de maladies cardiaques et pulmonaires chroniques causées ou aggravées par une exposition sur le long terme à la pollution de l'air sont moins capables de lutter contre les infections pulmonaires, et plus susceptibles de mourir », alerte Sara De Matteis, professeur en médecine du travail et de l'environnement à l'Université de Cagliari, en Italie. L'ONG European Public Health Alliance (EPHA) souligne ainsi que « Le coronavirus est une plus grande menace dans les villes polluées » [car] « La pollution de l'air cause de l'hypertension, des diabètes, des maladies respiratoires. Des maladies que les médecins associent à des taux de mortalité plus élevés pour le Covid-19. »
Quel confinement pour les gorilles, chimpanzés et orangs-outans ?
24 mars 2020
La pandémie de Covid-19 pourrait faire disparaître des populations entières de gorilles, chimpanzés et autres orangs-outans, alertent 25 scientifiques dans la revue Nature. Si le virus venait à être transmis à ces primates avec lesquels nous partageons 98 % du patrimoine génétique, il pourrait occasionner une hécatombe parmi ces espèces déjà en danger. La fermeture de certains parcs nationaux, au Congo ou au Rwanda, laisse craindre une recrudescence d'actes de braconnage, en l'absence de surveillance. Leurs auteurs pourraient servir de véhicule au virus.
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Mauvais temps pour le solaire
24 mars 2020
La production de panneaux solaires a fortement décru après le déclenchement de l'épidémie alors que ceux-ci sont majoritairement construits en Chine et en Asie du sud-est. Et à présent, c'est la demande qui chute. Selon le cabinet Wood Mackenzie, les nouvelles installations pourraient décliner de 7 % au niveau mondial. Ce ralentissement est confirmé par les analystes de Bloomberg New Energy and Finance (BNEF), pour la première fois depuis les années 1980. L’enjeu majeur sera d’utiliser les milliers de milliards de dollars débloqués en urgence par les puissances occidentales pour soutenir leurs industries, afin d’affirmer un véritable tournant écologique de nos économies !
Le COVID-19 menace les filières paysannes
27 mars 2020
Alors que de plus en plus de villes interdisent les marchés de plein vent et que les grandes surfaces deviennent parfois les seuls points d’alimentation durant cette période de confinement, la filière paysanne cherche des solutions pour ne pas couler. Drive fermiers, colis, commande par téléphone ou internet, livraison à domicile ou sur des sites éphémères, ventes à la ferme… Suite à la mobilisation de la profession, le gouvernement vient d'envoyer à toutes les préfectures un guide méthodologique qui permet de déroger à la fermeture des marchés et qui définit un protocole sécurisant pour tout le monde. Et face à la gronde, les grandes surfaces assurent augmenter leurs approvisionnements auprès des agriculteurs français.
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Chats et chiens : victimes collatérales du COVID
Mars 2020
Chute des adoptions et manque de personnels, les refuges pour animaux sont sur le point de saturer. Les chiens et chats continuent à affluer alors que le public ne se déplace plus. La Société protectrice des animaux (SPA) héberge déjà 5 800 animaux sur les 6 500 places que comptent en théorie ses refuges – jusqu’à 9 000 places sont autorisées en ce moment. Quelques antennes locales proposent des adoptions en ligne puis des « livraisons » à domicile du chien ou chat choisi, mais cette mesure est loin de suffire. Rappelons que ces animaux ne transmettent pas le Covid-19...
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Une bonne nouvelle !
4 effets bénéfiques du COVID-19
Cruelle pour une grande partie de l’humanité, cette pandémie provoque un ralentissement de l’activité humaines. Ce qui profite à la planète, à son climat et à tous les êtres vivants. Du moins pour le moment…
> 200 millions de tonnes : C’est la quantité de CO2 qui n’a pas été émise dans l’atmosphère depuis le début de l’épidémie de coronavirus, selon le site spécialisé Carbon Brief. L’économie chinoise tourne au ralenti depuis le 17 février, entraînant des réductions de 15 à 40 % de la production selon les secteurs. Et donc des émissions de gaz à effet de serre, qui ont diminué d’un quart, selon les mesures effectuées fin février. En savoir +
> - 10% à - 50 % : Ce sont le taux de réduction des concentrations de dioxyde d’azote (NO2) estimé dans le nord de l’Italie depuis le début de la crise sanitaire mi-février, puis en France. Avec le confinement, ce puissant gaz à effet de serre émis principalement par les transports routier et marin, la production d’énergie, les industries…, est en forte régression dans toute l’Europe, selon le Service pour la surveillance atmosphérique par les satellites Copernicus Sentinel-5P (CAMS). En France, le réseau des Associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (AASQA) notait le 27 mars que les teneurs de NO2 étaient inférieures en moyenne de près de 50 % dans les 100 plus grandes villes françaises, par rapport aux niveaux attendus. En savoir + (en anglais)
> - 4,9 % : C’est le pourcentage de baisse du trafic aérien mondial enregistré par le site Flightradar24 par rapport à la même période en 2019, en raison de l’annulation de dizaines de milliers de vols vers les zones touchées par la pandémie. Or, ce trafic est responsable d’environ 5 % des émissions de gaz à effet de serre. En savoir + (en anglais)
> - 15 % : Depuis les premières mesures de confinement prises par le gouvernement français, la consommation d'électricité a baissé de 15 % par rapport à la moyenne à la même période. En savoir +
Chute rapide des concentrations de NO2 dans les métropoles françaises. ©Esat
La fin des « yewei » ?
17 mars 2020
Pékin a annoncé le 24 février 2020 l’interdiction « complète » du commerce et de la consommation d’animaux sauvages – des soupes de chauve-souris ou à base de testicules de tigre, du cobra frit, des pattes d’ours braisées, du vin fait d’os de tigre, etc. Autant de pratiques de « yewei » (littéralement « goûts sauvages » en chinois) suspectées d’être à l’origine de l’épidémie de coronavirus apparue en décembre dans le centre du pays. Mais aussi du SRAS survenu dans le pays il y a dix-sept ans. Un sondage effectué en Chine en ligne, qui a recueilli plus de 100 000 réponses en 22 jours, a indiqué que 97 % des personnes interrogées désapprouvent la consommation de viande d’animaux sauvages. On espère que la mesure d’interdiction sera inscrite dans la loi et survive au-delà de l’épidémie…
Comptez les zozios ou les papillons plutôt que les heures !
Mars 2020
Plutôt que de broyer du noir et de faire les cent pas chez vous, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) propose un joli projet de science participative pour petits et grands : observer régulièrement les piafs alentours depuis sa fenêtre, son balcon ou son jardin. Sinon, vous pouvez aussi observer et apprendre à identifier les papillons ou les bourdons.
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La nature sauvage a horreur du vide...
Mars 2020
Des dauphins qui frayent dans les canaux et dans les ports, des sangliers, des cerfs sika ou de ratons-laveurs en balade sur les boulevards, des oiseaux migrateurs qui nichent sur les toits des monuments historiques… Quand les hommes se planquent et se taisent, la faune sauvage prospère. Célébration !
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Agir pour l’environnement depuis son canapé
30 janvier 2020
Tester des recettes végétariennes, recycler de vieux vêtement, nettoyer sa boîte mail... Le quotidien Libération propose 5 actions écolos à faire depuis son salon. Certains continuent à donner de la voix pour le climat, malgré les annulations des marches. Et la Commission européenne vous invite à exprimer votre avis (jusqu'au 27 mai !) sur certains aspects de la législation et des politiques de l’UE pour opérer un tournant écologique, avant de finaliser ses propositions.
Un site pour s'inspirer, se relier et réenchanter notre quotidien durant le confinement. ©Fraternite COVID 19
Ils nous inspirent
Naomi Klein : contre le « capitalisme de catastrophe »
28 janvier 2020
« En 2008, ce [capitalisme de catastrophe] s’est traduit par le sauvetage des banques, où les pays leur ont remis des chèques en blanc, qui se sont finalement élevés à plusieurs milliards de dollars. Mais le coût réel de cette situation a pris la forme de vastes programmes d’austérité économique [...] Lorsque nous sommes mis à l’épreuve par la crise, soit nous nous replions et nous nous effondrons, soit nous grandissons, et nous trouvons des réserves de force et de compassion dont nous ne savions pas que nous étions capables. Ce sera l’un des tests [de l’épidémie actuelle]. La raison pour laquelle j’ai un certain espoir que nous puissions choisir d’évoluer est que – contrairement à 2008 – nous avons une alternative politique si réelle qu’elle propose un type différent de réponse à la crise, qui s’attaque aux causes profondes de notre vulnérabilité, et un mouvement politique plus large qui la soutient. »
Naomi Klein est essayiste, militante écologiste et anticapitaliste canadienne. En savoir +
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Maxime Combes : pour que le jour d’après ne soit pas un retour à l’avant…
25 mars 2020
« La crise du Covid-19 ne doit pas être une parenthèse. Cette crise montre qu'une intervention bien plus forte de la puissance publique est nécessaire pour contraindre les marchés et répondre aux besoins humains et écologiques. Nous devons nous mobiliser pour que cette intervention ne soit pas l'affaire de quelques semaines ou de quelques mois. Des « décisions de ruptures », pour reprendre les propos du Président, ne peuvent pas être conjoncturelles ; elles doivent dessiner un autre futur. [...] Doit-on investir de l'argent public dans des compagnies aériennes, des entreprises pétrolières, gazières ou chimiques ? Doit-on défendre des systèmes agricoles qui ne respectent pas l'environnement ? Pas un seul euro ne devrait être versé à des entreprises polluantes. [...] Il faut aussi se poser la question de la relocalisation de notre production. Concrètement, une taxe kilométrique sur tous les modes de transport augmenterait le coût du fret et dissuaderait le transport de marchandises sur de longues distances. Cette taxe inciterait au développement des circuits économiques locaux et régionaux et rendrait le commerce de longue distance très peu compétitif. »
Maxime Combes est économiste et porte-parole d'Attac. En savoir +
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