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Chronique d'une oasis : la Ferme de Chenèvre #2

De cercles en cercles...


Partagée entre une vie parisienne d’édition et un appel à vivre au grand air de plus en plus pressant, Anne Lechêne a réorienté sa vie depuis 2012 sur un chemin de randonnées, d’oasis, d’expériences collaboratives et de belles rencontres dans le Jura. Avec Fred, José, Guilhem, Manon, Martin, Maryline, Pauline, Virginie et Yorgos, Anne est co-fondatrice de la Ferme de Chenèvre.



La ferme de Chenèvre est une oasis de vie créée en 2016 dans le Jura. La raison d'être du lieu ? Redonner vie à une ancienne ferme traditionnelle sous la forme d’un éco-lieu convivial, ouvert à l’expérimentation et associant activités diverses et habitat. Cette chronique vous invite à vous plonger dans des instantanés de la vie de cette oasis comme dans les moments forts du projet...

Le projet Chenèvre est né de la rencontre entre un faisceau d’intentions et de rêves de dix personnes, et l’opportunité d’acquérir un lieu exceptionnel. Une étape franchie il y a maintenant un an ! Magie alchimique ou processus naturel du vivant ? Allons voir...

Pour commencer, nous avons mis une priorité à « créer du Nous » a partir des énergies de nos « Je ». Nous avons donc oeuvré à créer de la confiance entre nous dix, inspirer de la confiance dans ce projet complexe pour obtenir un prêt bancaire, inventer nos outils de gouvernance partagée, expérimenter le travail en collaboration entre nous, chercher à formuler la « raison d’être » du projet.

Dessinons-nous un premier cercle

En une année et demie, nous sommes parvenus a décider d’un premier niveau de gouvernance pour vivre côte à côte, faire ensemble et prendre les décisions qui relèvent du collectif. Cela, tout en laissant le domaine des activités professionnelles à l’initiative et à la responsabilité de chacun. Cette gouvernance comporte plusieurs documents écrits : une charte relationnelle, un processus d’inclusion, de sortie, d’exclusion, un processus de gestion des conflits, de prise de décisions par consentement, d'élection sans candidat aux rôles de facilitateur et secrétaire. Cette gouvernance est un « résultat » formel, mais aux contours mouvants et vivants, puisque ce cadre est à la fois opposable et révisable à la demande d’une seule personne de notre cercle baptisé « cercle un ».                    

La part informelle, le ressenti, le faire ensemble, la vie courante occupent une place considérable entre nous. Pour en rendre compte, j’ai demandé aux membres de ce cercle un de répondre à la question suivante : Qu’est-ce qui a créé du Nous entre nous cette année ? Et voilà ce que ça donne : 

J’aime particulièrement que le fait d’ouvrir le lieu à d’autres que nous ait eu pour effet de créer du Nous ! Portes ouvertes, repas partagés et journées de chantier occupent le plein centre, comme le noyau d’une cellule. Quant aux premiers travaux, ils ont trouvé un rythme régulier avec une petite dizaine de personnes les lundi et mardi, et ont déjà donné de beaux résultats - restaurations d'urgence, débroussaillage de chemins, zone de stationnement, démolitions et ouverture d'espaces, équipement de l'atelier...                    

Dessinons de nouveaux cercles

Pour faire suite aux premiers échanges qui ont eu lieu lors des portes ouvertes d’août, nous avons proposé une rencontre début décembre aux les personnes intéressées par la création d’une association. Deux sessions, l’après-midi en mairie et le soir chez des amis, ont été préparées et vécues en cercle, pour faire goûter cette expérience à la trentaine de personnes ayant répondu à l’invitation. Afin de ne pas trop occuper la place d'organisateurs, nous avons tenu à « déboîter » ce cercle en choisissant un facilitateur et un secrétaire qui n'étaient pas membres du cercle un. Pour rendre compte de la richesse des échanges, nous avons réalisé le poster mandala suivant :

Pour ma part, j’ai été marquée par la proposition d’envisager cette association comme un réseau d’échanges réciproques de savoirs¹ où l'on apprendrait ensemble tout en faisant. Joignant le geste à la parole, dès le 3 février 2018, s’est concrétisée l’idée de consacrer une journée à rouvrir des chemins enfrichés, tout en discutant de l’asso. Nous nous sommes retrouvés à une trentaine de personnes, sécateur ou machette à la main, réchauffés par l’action, le repas partagé dans la cour et les échanges joyeux. Cette association se crée donc doucement, comme un processus vivant et naturel. Vous pouvez contribuer à sa vie et son développement en vous manifestant sur la Fabrique des Colibris !



  1.  Les Réseaux d’échanges réciproques de savoirs (RERS) sont des réseaux de personnes dont les membres s'échangent entre eux des savoirs et des savoir-faire. 

Commentaires

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J'aime beaucoup la liste des premiers "chantiers" du nous et le fait qu'on commence par créer du lien.

je retiens pour des contextes d'intervention proches, surtout les premiers points : une charte relationnelle, un processus d’inclusion, de sortie, d’exclusion, un processus de gestion des conflits,

le reste étant, de mon point de vue, plus technique...

Heureux, chère nièce, qu'internet permette de faire savoir que je suis nonagénaire, mais toujours vivant. Bises.