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Chronique Le Jardin sans pétrole #3

Le brocoli fait sa généalogie


 

Jardiner dans la grande ville ? Difficile. Alors, Christine s’échappe toutes les fins de semaine, pour maraîcher et observer la nature. Médiatrice, écrivaine et journaliste, Christine écrit et expérimente autour des plantes, des jardins et de l’écologie, à Reporterre, où elle tient la chronique hebdomadaire du "Jardin sans pétrole" depuis cinq ans, mais aussi pour les éditions Belin, avec "L’herbier Vilmorin" (2015).



La surprise de découvrir l’inflorescence d’un plant de brocoli est l’occasion d’évoquer l’ancêtre unique et sauvage de la famille des choux, qui compte aujourd’hui plus d’un millier de variations.

Le faubourg Saint-Antoine est déjà en proie à la fièvre acheteuse des Parisiens du premier week-end des soldes. Nous roulons vers la gare d’Austerlitz avec presque trois semaines d’épluchures dans nos sacoches. Une occasion de tester l’étanchéité aux odeurs de notre seau ! Il est temps d’apporter au sol ces épluchures dont la qualité biologique ne nous autorisait pas à les mettre à la poubelle.

La lumière est douce, la température clémente, les plantes sont suspendues à l’hypothétique hiver. Les soucis n’en finissent pas de fleurir,  tout commela cardamine hirsute, plante compagne spontanée de la mâche. Plus surprenant, sur un plant de brocoli dont les semis datent du printemps dernier, l’inflorescence compacte de petits bouquets serrés attendue en octobre s’est annoncée. Le brocoli, proche cousin du chou-fleur, appartient lui aussi à la famille des crucifères dont la consommation est encouragée pour prévenir toutes sortes de cancer.

Brassica oleracea, le chou sauvage, ancêtre de la plupart des choux. Celui-ci a poussé près d’une falaise dans le nord de l’Angleterre (Wikimedia, CC-BY-SA)

Comme la plupart des choux – frisé, pommé, cloqué, rave, à inflorescence –, il descend de l’espèce étonnamment plastique qui porte le nom savant de Brassica oleracea. À l’état sauvage, cette espèce pousse sur les falaises et les dunes des rivages d’Europe. Les diverses régions d’origine ont conduit à des variations au sein même de l’espèce. Les mutations spontanées et la sélection humaine ont fait le reste, conduisant à la diversité des formes qu’on lui connaît et au nombre astronomique de variétés, qui dépasse le millier au début du XXe siècle.

Le brocoli, quant à lui, est originaire du sud de la Grèce mais ce sont les Italiens qui lui ont donné son nom au XVe siècle. Ce que je crois être ses fleurs, les petits « arbres » agglomérés, sont en fait le méristème, terme botanique qui désigne chez les végétaux ce que les cellules souches sont au genre animal, un amas de cellule indifférenciées à partir desquelles vont se former les tiges, les feuilles et les fleurs qui porteront les graines. Mais, impatients et gourmands que nous sommes, nous aurons récolté la boule verte avant.


Christine Laurent, Reporterre, 16 janvier 2016



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