A vouloir innover, innove t-on vraiment ?
C’est la dernière tendance dans les couloirs des entreprises : l’innovation !
N’avez-vous pas remarqué les dernières publications dans les magazines spécialisés, l’innovation est partout. Elle serait en effet le remède à la crise. La crise, quelle crise ? Renouvelez-vous, innovez et vous serez performants !Encore un mot que nous autres consultants aimons bien…Ba oui, chacun peut y mettre sa sauce, l’innovation pour les uns est synonyme d’amélioration, tandis que pour les autres elle résonne davantage comme une révolution des métiers, les plus pragmatiques - eux - se disent que c’est avant tout une histoire de marketing. Et pour nous ? Pour nous, il s’agit d’abord d’une nécessité d’adaptation.
Si l’adaptation d’une entreprise est vécue comme une contrainte - une nécessité de survie par rapport aux marchés - alors l’entreprise va d’abord viser l’évolution, l’amélioration. Mais si cette même entreprise considère son adaptation comme une opportunité, une ouverture de ses activités, alors elle entre dans l’innovation.
Deux logiques s’affrontent
La logique mécanique de l’amélioration qui va mettre en place des procédures, des suivis pour bien s’assurer de la démarche, du contrôle et du maintien de la dynamique.
On cherche ici à évoluer en limitant les risques. Par exemple, une entreprise qui instaure un cadre de réflexion sur de nouveaux produits ou un nouveau positionnement est dans cette logique-là. A chercher l’innovation, on la contraint. Le sujet est connu, lancé, les domaines d’action ciblés, bref, l’entreprise avance, se remet en question parfois, se perfectionne aussi mais n’innove pas. Ici l’entreprise s’intéresse à ses clients.
Autre logique : la logique biologique de l’innovation. Celle-ci cherche à faire grandir l’entreprise en l’ouvrant davantage à l’extérieur. L’entreprise résonne d’abord en opportunités possibles et, du coup, en prises de risque. Par exemple, une entreprise à l’écoute des attentes et en projection de nouveaux modes de vie, pourra complétement changer ; au lieu de vendre une voiture elle met en place un système de location de voitures des particuliers et de co-voiturage. Nouveaux modèles, nouvelle structure, nouveaux challenges. Ici, l’entreprise s’intéresse à ses « non-clients ».
Une entreprise innovante est en effet capable d’aller là où on ne l’attend pas.
Mais, même elle ne savait pas où elle mettrait les pieds…
Et c’est là la force de l’innovation. Basée sur l’intuition plus que l’anticipation, sur le « jeu » plutôt que sur le « je », sur les autres et l’environnement plutôt que sur son développement, l’innovation dépasse le cadre de l’entreprise.
C’est bien simple, l’innovation n’a pas de cadre.
Elle pousse les équipes et les dirigeants à oser s’aventurer dans de nouveaux chemins, à oser réfléchir différemment, à donner du crédit à chaque parole, celle du stagiaire autant que du responsable marketing, à ouvrir ses portes et à faire entrer ses parties prenantes. Le fournisseur n’a-t-il pas de bonnes propositions pour repenser l’approvisionnement ? Les non-clients ne sont-ils pas les mieux placés pour m’accompagner dans ce nouvel inconnu ? L’ouverture à l’extérieur, l’intégration du risque en interne, la dynamique créée par le dépassement de son propre horizon, offrent alors un nouvel espace de réflexion propice à l’action nouvelle et positive : l’innovation.
Car une nouvelle action, un nouveau chemin pour l’entreprise qui ne serait pas construit sur un raisonnement de bon sens, de respect qui apporterait un « mieux » au business certes, mais quid des collaborateurs et de l’environnement (clients, parties prenantes, nature, etc.), est-ce vraiment une innovation ?
Aussi novateur soit le produit, l’action, le système, etc. la question se pose. Cette question peut paraître philosophique, elle est pour nous très concrète.
Flore Cercellier
Positive Effect Consulting
www.positive-effect.fr
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