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À Kembs, l’expérimentation d’une démocratie alimentaire


Cet article est paru initialement dans la revue 90° "Pour une révolution alimentaire !", avril 2022

                                                                       

Relocaliser son alimentation est devenu un enjeu majeur pour les collectifs citoyens et les élus de Kembs, une petite commune du Haut-Rhin, aux portes de Bâle. Pour réaliser cette mutation ambitieuse, chacun a un rôle à jouer : associations, élus, techniciens, agriculteurs, enfants... Cette transition écologique est le fruit d’un chemin partagé depuis plusieurs années entre citoyens et politiques locaux. Avec de solides atouts et de sérieux défis à venir, notamment fonciers.


                                                                       

Avant d’arriver à Kembs, tout le monde m’avait dit : « Il faut que tu rencontres Brice : c’est le cofondateur du groupe local Colibris et du groupe d’achat solidaire du Pays Rhénan » (Gaspr pour les initiés). Ça tombe bien, c’est chez lui et sa femme Julia que je suis hébergé... On ne devine pas, à sa voix douce et à ses gestes calmes, que ce triathlète et père de deux garçons est une boule d’énergie et d’enthousiasme. « J’ai toujours été en lien avec la nature. Le déclic est venu avec le triathlon, car je voyais de plus en plus de courses annulées à cause des eaux polluées. Par ailleurs, après quinze ans passés dans  la  finance,  j’étais  en  questionnement sur le sens de mon travail.» Brice et Julia décident de quitter le nord de la Lorraine et de voyager en Europe, pour s’imprégner de ce qui se fait ailleurs en matière d’écolieux, de jardins partagés, d’éducation, de démocratie... À leur retour, ils s’installent à Kembs, où vivent les parents de Julia.

La commune s’étire sur 7 km le long du Rhin, entre Mulhouse et Saint-Louis, presque à cheval sur deux frontières, avec l’Allemagne et la Suisse. Bordée par la forêt de la Hardt et par une centrale hydroélectrique, c’est une ville paisible. Sa population s’accroît doucement.

Des initiatives en synergie

Sans attendre, le couple met en pratique ce qu’ils ont vu dans leur voyage. « On avait un rêve d’écolieu, d’autosuffisance individuelle. Ce rêve, on a tenté de le transférer ici  au  niveau  collectif. Quand je posais à des enfants la question : “D’où viennent les poireaux ?”, ils me répondaient : “Du supermarché !” Je voulais changer ça, et leur faire mettre les mains dans la terre. » Il commence en 2007, avec la création de l’association G’Rhin de sel, puis se lance, avec un collectif de personnes soudées et engagées, dans un jardin partagé, une formation sur les semences, les boutures, la création d’une grainothèque de variétés locales...

“D’où viennent les poireaux ?”, les enfants me répondaient : “Du supermarché !” 

Suite à des projections-débats de films écolos, comme Demain ou En quête de sens, en un groupe local Colibris se monte 2016. « Ça a permis de faire émerger un collectif pour énergiser les actions locales, de faire des conférences sur l’agriculture et la démarche du  “zéro  déchet”,  et  d’organiser  des  animations dans les écoles. » « Avec des films sur la malbouffe, nous avons aussi réalisé que nous devions, localement, nous réapproprier notre alimentation», ajoute Myriam, membre du groupe local et animatrice de territoires durant trois ans au sein de l’association nationale.

Ce sujet de l’alimentation fédère, depuis, une partie des énergies militantes du territoire. Et les initiatives s’enchaînent : en 2017, la mairie met à disposition une parcelle pour mener à bien un potager en permaculture. Un an plus tard, la centaine d’habitants-jardiniers décide d’aller plus loin ensemble, et crée le Gaspr. Un tournant.

Le cycle vertueux du groupement d'achat

Samedi, c'est le jour de la distribution au Groupe d’achat solidaire du Pays Rhénan. © Martin Fournier

Ce groupement d’achat a un statut associatif. Il réunit plus de cent soixante adhérents aujourd’hui, et une cinquantaine de producteurs en grande majorité bio, dans un périmètre de 50 km. Parmi eux, la ferme Moyses de Feldkirch (qui vend du pain fabriqué à partir de variétés anciennes de blé), des maraîchers, mais aussi l’entreprise Plein d’vie qui produit de délicieux mélanges de graines prégermées et déshydratées, ou encore Cosmétics en herbes qui propose toute une gamme de produits de beauté naturels. Au total, le Gaspr propose plus de quatre cents références de fruits et légumes, de produits laitiers et carnés, d’épicerie, de pains et farines, de boissons et de produits non alimentaires. Les producteurs fixent eux-mêmes leurs prix de vente et, pour financer son fonctionnement, le Gaspr prélève entre 15% et 20% de ce prix (sauf sur les produits de base comme les œufs ou la farine). Ces prix permettent aux producteurs de vivre plus décemment. L’un des maraîchers du groupement, qui gagnait auparavant à peine 800€ par mois pour un travail harassant, a ainsi pu augmenter son revenu de plusieurs centaines d’euros. En outre, les adhérents répondent toujours présents pour aider les producteurs qui en ont besoin. Un champ à dépierrer avant la mise en culture? Plusieurs dizaines de bénévoles accomplissent le travail en une journée.

La solidarité s’exprime aussi vis-à-vis des consommateurs au budget modeste grâce à la mise en place de paniers solidaires. « Le problème, c’est qu’on donne des produits bruts, et parfois les gens ne savent pas quoi en faire, comment les cuisiner. Soit parce qu’ils n’ont pas l’habitude, soit parce qu’ils sont immigrés et ne sont pas familiers avec ce qui pousse ici, confie Myriam. Le projet de tiers-lieu [voir l'encadré ci-dessous], permettra de répondre en partie à ce problème, avec des ateliers de cuisine, par exemple. »

Un tiers-lieu carrefour pour la vie des habitants

Créer une ruche citoyenne sur le site d’un ancien stade de foot pour polliniser tout le territoire, c’est à peu près l’idée de G’Rhin de folie, un projet de tiers-lieu porté par quatre collectifs : le groupe local Colibris, l’école alternative Tzama, G’Rhin de sel, qui monte des événements sociaux et culturels, et le groupement d’achat Gaspr. Sur un même lieu, chaque habitant pourrait participer à des actions de maraîchage et d’implantation d’une forêt nourricière, bénéficier de services dans les domaines de l’économie sociale et solidaire, se fournir à l’épicerie du Gaspr et à la grainothèque conservant des semences locales, libres et reproductibles, et user des espaces d’apprentissage pour les enfants. Une cuisine pédagogique permettrait également à tous d’apprendre à transformer et à cuisiner divers types d’aliments.

« La municipalité nous laisse carte blanche sur ce projet », se réjouit Brice. L’implication de la mairie, avec la mise à disposition gracieuse du terrain, sa réhabilitation, et les travaux de rénovation des bâtiments, en fait tiquer plus d’un dans la commune, mais sans réel blocage. « La relocalisation, l’emploi, la solidarité... personne ne peut être réellement contre ! » Et le projet fédère de nombreuses énergies locales. La plantation de haies vives et les arbres fruitiers ont été financés par la Maison pour la science, la mare pédagogique a été créée par les associations naturalistes Rivières de Haute-Alsace et Bufo. L’agglomération et la Collectivité européenne d’Alsace ont également mis la main à la poche.

Création de buttes en permaculture sur l'ancien terrain de football (© DR)

La convivialité, un bon combustible pour l'action

Tous ces projets sont portés par des bénévoles, qui s’investissent beaucoup, avec quelques personnes plus engagées que d’autres. Ces énergies volontaires sont indispensables, mais elles ont comme revers la fragilité des projets : « Si le noyau dur lâche, la rythmique sera différente, voire pourrait  s’arrêter. Parfois,  ceux  qui  font beaucoup peuvent pousser un bon coup de gueule. Les autres sont alors là pour filer un coup de main, pour apaiser les tensions, et proposer un apéro. On fait beaucoup d’apéros! s’amuse Myriam. Si on ne fait pas la fête, si on ne prend pas de plaisir à faire ces actions ensemble, les gens ne resteront pas. La convivialité, l’humain, c’est la clé ! » 

Pour autant, dans la durée, la convivialité ne suffit pas. Sans l’implication d’autres acteurs, élus et entrepreneurs, des transformations plus globales du territoire auront du mal à voir le jour. Or, à Kembs, il y a depuis quelques années un alignement des planètes... La municipalité, on l’a vu, a déjà mis à disposition un terrain pour le jardin partagé puis un local pour le Gaspr. Lors des dernières élections municipales, en 2020, la liste Avançons ensemble souhaitait aller plus loin. Joël Roudaire, sa tête de liste et conseiller municipal sortant, ancien éleveur de montagne, a « le lien à la terre dans les gènes ». Aiguillonné par le groupe local Colibris, il signe 29 des 32 mesures du Pacte pour la transition, lancé en 2019 par le Collectif pour une transition citoyenne (CTC), composé d’une trentaine d’associations, dont Attac, le mouvement Sol, Alternatiba et le mouvement Colibris. « Proposer une alimentation biologique, moins carnée, locale et équitable dans la restauration collective » figure en bonne place dans ce Pacte, de même que « préserver et mobiliser le foncier agricole et accompagner l’installation de nouveaux agriculteurs et agricultrices dans une logique paysanne ».

« On avait les convictions mais pas forcément les idées innovantes, reconnaît Joël Roudaire, devenu maire. J’ai contacté Brice, l’acteur majeur dans ce domaine. » « Joël est venu nous trouver, confirme Brice : “On veut faire un projet de transition, mais on n’est pas armé, on a besoin d’aide. Des membres de ton réseau sont ok pour nous rejoindre ?” ». « Banco », répond Brice, qui devient alors conseiller municipal, membre de la commission Environnement, de même que Sébastien, cofondateur du Gaspr.

Une municipalité aux côtés des collectifs de citoyens

Un des projets phares du programme de la nouvelle équipe est de travailler sur la résilience alimentaire. « Comment préserve-t-on nos citoyens en cas de crise, de pénurie alimentaire par exemple ? Il n’y a même pas de maraîcher sur la commune ! » se désole Brice. « Comment ramener des producteurs ? Il faut utiliser au maximum les terres communales. » Ils font le calcul avec l'outil Parcel (1), qui permet d'évaluer la surface nécessaire pour nourrir une population. Bonne nouvelle : si toutes les terres communales et les terrains particuliers étaient utilisés pour de l’agriculture de subsistance, Kembs pourrait être autonome. Du moins pour une alimentation végétarienne – pas pour satisfaire les besoins alimentaires de troupeaux d’élevage...

« Comment préserve-t-on nos citoyens en cas de pénurie alimentaire ? Il n’y a même pas de maraîcher sur la commune ! »

« On s’était fixé l’objectif de 100 % d’aliments bio dans les cantines scolaires, indique Joël Roudaire, le maire de Kembs. Le problème, c’est qu’aucune entreprise n’a pu répondre à notre appel d’offre, avec le budget prévu. » Partant de ce constat, Brice et les autres arrivent avec une idée : salarier un maraîcher travaillant sur des terres communales, payé à 50 % par la mairie et à 50 % par le Gaspr. La production irait aux cantines, et le surplus serait vendu au Gaspr à prix abordable pour des paniers solidaires supplémentaires. Le maraîcher mènerait, en outre, une action pédagogique dans les écoles de la commune. Le projet séduit et se lance. Un ancien terrain de foot d’un hectare est réhabilité pour l’accueillir. Pour Joël, « c’est une première étape. La prochaine phase, c’est de mettre les terres communales au service de l’alimentation locale et de les transformer pour accueillir des cultures maraîchères. » Dans la ligne de mire de l’équipe, il reste les autres terres agricoles de Kembs. Une autre paire de manche ! « Aujourd’hui, on est sur des monocultures en maïs, mais ce n’est pas durable, notamment en terme de gestion de l’eau, note le maire. Nous sommes en train de réfléchir à des pistes pour que ces agriculteurs changent leurs pratiques et leurs cultures. Ce qui n’a rien d’évident, car le maïs demande peu de travail et rapporte bien. »     

L'ancien terrain de foot, où s'installera le maraîcher. ©Sébastien Pflieger - Jérôme Duval-Weigel

Faire de l'alimentation un enjeu pour tous, notamment les plus jeunes

Pour accompagner ces agriculteurs dans le changement de leurs pratiques, rien de tel que de sensibiliser l’ensemble des habitants à l’importance de sécuriser leurs ressources et à soutenir les professionnels dans cette voie, estiment l’équipe municipale et les citoyens engagés. Le rôle des jeunes générations est jugé primordial pour l’avenir de cette transition alimentaire. « Pour moi, la priorité, c’est de travailler avec les enfants, souligne Joël Roudaire. Leur faire comprendre le cycle de l’alimentation, les toucher par la pratique : celle de planter, de cueillir, de transformer, cuisiner et manger de bons produits. Et on a la chance, à Kembs, d’avoir des associations actives auprès de ces publics. »

Brice et les enfants de l'école élémentaire Léonard de Vinci, en pleine dégustation de légumes du jardin pédagogique (©DR)

C’est notamment le cas de Tzama – « zamma » signifie « ensemble » en alsacien –, une association qui porte un projet d’école et de collège alternatifs inspiré des pédagogies Montessori et Freinet. C’est aussi une école où les enfants passent 50% de leur temps en extérieur, au jardin ou en forêt, pour se relier à la nature. L’école est accueillie sur des terres communales, sous de grandes yourtes qui en font un lieu atypique dans ce bourg alsacien. En échange, l’association assure des animations « nature» aux enfants du centre périscolaire voisin.

À l'école Tzama, les enfants passent 50 % de leur temps à l'extérieur. ©DR

« Avec les jardins partagés et nos animations, on travaille beaucoup avec les enfants, à Kembs, se félicite Brice. On a, par exemple, répertorié avec eux les arbres fruitiers perdus, non exploités, sur l’agglomération. On a organisé des cueillettes et pressé les fruits, en partie avec l’aide des enfants, puis on a fait des distributions de jus dans la commune. » Ces actions sensibilisent à leur tour les parents. « On a donc des gens qui viennent dans nos associations via leurs enfants ! »

« On a des gens qui viennent dans nos associations via leurs enfants ! »

À la mairie, d’autres projets impliquant d’autres citoyens sont en cours : le financement de deux poules par foyer, réduire partout où on le peut dans l’espace public les surfaces de béton et planter des arbres – fruitiers, de préférence ! –, remplacer les géraniums dans les bacs à fleurs par des légumes, qui seraient donnés au Gaspr pour des paniers solidaires, etc.

Transformer ces actions en un changement systémique

C’est sur ce terreau d’initiatives déjà fertile que se greffe la démarche Territoires d’expérimentation, initiée au niveau national par le mouvement Colibris, en collaboration étroite avec le CTC et plusieurs acteurs comme Emmaüs, Attac, ATD QuartMonde ou Sol, le réseau des monnaies libres. Kembs fait partie des six territoires qui vont être accompagnés au cours des prochaines années. L’objectif ? Soutenir les dynamiques déjà présentes, pour enclencher une transition plus globale, radicale et systémique. Ces territoires pourront bénéficier d’un large réseau d’expertises avec la mise à disposition d’outils et de ressources sur les différentes thématiques, d’aides à la recherche de partenariats et de financements, de soutiens pour un plaidoyer politique, d’une visibilité locale et nationale sur leurs actions.

Autre volet clé de la démarche : favoriser la participation active de tous les habitants, même les plus éloignés a priori des préoccupations écologiques et les plus fragiles, souvent délaissés par l’action publique. Et cela pour que les changements mis en œuvre soient vraiment élaborés avec tous les acteurs locaux, pas seulement les élus et les militants ; pour qu’ils ne soient pas subis, mais bien choisis, réfléchis et autant que possible mis en œuvre par tous.

« On ne se rend pas compte de la puissance qu’on peut avoir en tant que citoyen »

Cette ambition démocratique résonne comme un défi pour les élus qui, plus que jamais, deviennent les animateurs de la communauté locale : « Ça fait vingt-cinq ans qu’on fait des réunions publiques, et il n’y a que quatre personnes au rendez-vous, toujours les mêmes ! soupire Joël Roudaire. On organise des temps pour dessiner la vie ensemble. Je dis souvent aux gens : “Venez ! On n’est pas là pour décider de tout à votre place...” » Et Brice d’ajouter : « On ne se rend pas compte de la puissance qu’on peut avoir en tant que citoyen. Je me faisais des idées fausses sur la politique, qu’on parlait et qu’on ne faisait rien. Alors que le personnel politique est souvent demandeur ! Il faut que ces deux mondes se rencontrent et dialoguent davantage. »    

La métropole bâloise : un attracteur déstabilisant

Un défi s’ajoute à celui de la construction d’une démocratie locale. Celui de la maîtrise de son espace. Kembs, en effet, n’est pas une oasis isolée. Située à 17 km de Bâle, la commune subie, comme ses voisines, l’influence irrésistible de la grande métropole suisse : une cité riche d’emplois, en particulier dans les industries chimique et pharmaceutiques, proposant des salaires trois fois plus élevés en moyenne qu’en France. Aussi, de nombreux Français vont travailler chaque jour en Suisse tout en cherchant à s’installer du côté français de la frontière.

Kembs, avec les trois yourtes de l'école Tzama en premier plan. Au loin, Bâle et les trois frontières. ©Sébastien Pflieger - Jérôme Duval-Weigel

Il en résulte une pression foncière énorme, à Kembs et alentour. Les prix s’envolent, et les agriculteurs sont tentés de vendre aux plus offrants. Et de déclasser leurs terres agricoles. Surtout lorsque leur retraite est faible. Il y a là un sacré nœud de contradictions à démêler pour Joël Roudaire : « D’un côté, le plan local d’urbanisme protège les forêts et les espaces naturels, de l’autre, on doit densifier au maximum et construire des immeubles pour les nouveaux arrivants. Mais les habitants ne veulent pas de ça ! On doit pourtant choisir, entre densifier, couper des forêts ou s’étaler sur les terres agricoles... » Un sérieux verrou qui bride l’ambition de l’exécutif et des forces citoyennes pour faire de Kembs un territoire nourricier le plus autonome possible.

« Plus on est acteur de son territoire et plus on peut choisir son avenir » 

De plus, on a affaire à divers programmes d’aménagements régionaux contestables. Ainsi, le projet d’attractivité de la métropole, baptisé Euro3lys, à 10 km au sud de Kembs : il prévoit d’accueillir, sur 100 ha, un « pôle de commerces et de loisirs », avec des activités tertiaires, d’hôtellerie et de l’habitat. De quoi accroître l’étalement urbain. Autre projet, celui de fluidifier le trafic routier entre Bâle et Strasbourg pour faciliter l’accès à l’aéroport international de Bâle-Mulhouse-Fribourg, qui verra donc son trafic aérien augmenter ! Des choix qui, bien souvent, tournent le dos à une transition plus écologique et sociale pour tout ce territoire. Et provoquent de vives tensions politiques. « Plus on est acteur de son territoire et plus on peut choisir son avenir, insiste Brice. Et plus on est nombreux, plus on a de poids. Je ne suis pas un extrémiste mais, malgré tout, parfois le blocage peut payer, comme à Notre-Dame-des-Landes ! »

Résister, innover, déjouer les pièges, préserver la cohésion locale... Fort de leur expérience, les collectifs du Gaspr et des jardins partagés peuvent parier sur la convivialité comme bon ciment pour construire l’avenir. Sur la convivialité, mais aussi sur le « décider ensemble » et le « faire ensemble », par le jardinage, la cuisine et les ateliers partagés. « C’est ça, on devrait offrir plus souvent l’apéro, aux réunions citoyennes, sourit Joël. Les gens viendraient peut-être plus nombreux ! » Entre les gewurztraminers, les rieslings et les nombreuses bières locales, il y a l’embarras du choix...


Pour aller + loin

- Découvrez la revue 90° "Pour une révolution alimentaire", paru en avril 2022.

- La démarche Territoires d'expérimentation, initiée par le Mouvement Colibris.

- Comment une commune peut-elle atteindre l’autonomie alimentaire ?, point d'étape de l'expérimentation menée à Kembs.

- La page facebook du groupe local Colibris 68 Kembs

- Le Gaspr, groupe d’achat solidaire du Pays Rhénan

- Le Pacte pour la Transition

- L'outil Parcel, qui aide les territoires à relocaliser leurs productions alimentaires                   

- L'école Tzama

Crédits photos    

Chapô : Récolte au jardin partagé de Kembs ©Martin Fournier

Vues aériennes : ©Sébastien Pflieger - Jérôme Duval-Weigel

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